Catalogue 2022

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Catalogue 2022
001 Louis AIMÉ-MARTIN (1786-1847) littérateur, disciple de Bernardin de Saint-Pierre dont il épousa la veuve et édita les œuvres
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6 L.A.S., Paris 1811-1832 ; 11 pages in-4 ou petit in-4, qqs en-têtes Chambre des Députés ou Dépôt légal... 5 janvier 1811, à André-Marie Ampère, pour placer dans un collège ou un lycée M. Spanière, professeur très instruit, avec envoi de son traité De l’existence de Dieu démontrée par les merveilles de la nature. Je vous demande beaucoup d’indulgence, et vous êtes trop savant et trop aimable pour me refuser ce dont j’ai un si grand besoin »… 181-, à un maître. Envoi d’un petit article, avec invitation d’y retrancher ce qui ne lui plaira pas : « C’est un jeune homme qui a fait l’article et vous savez que les jeunes gens ont beaucoup d’indulgence pour leurs amis »… 20 juillet 1824. Chef du bureau des procès-verbaux de la Chambre des Députés, il se plaint aux questeurs de deux employés non ponctuels, et propose pour les punir « une retenue de 8 ou dix jours sur leur traitement »… 24 février 1825, pour faire rendre à sa compatriote Mme Jardin son brevet de libraire…3 avril 1826, en faveur d’une gratification pour M. Rogier, « employé extraordinaire au bureau des procès-verbaux » de la Chambre des députés, à l’occasion de sa retraite… 6 janvier 1832, comme Directeur du Dépôt légal…

002 Émile Chartier dit ALAIN (1868-1951) philosophe
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Manuscrit autographe signé, Propos d’un Normand, [1910] ; 2 pages in-8. Sur la contagion de la peur (texte publié dans La Dépêche de Rouen du 8 mai 1910). Il n’a pas peur lorsqu’il pense à la comète, il peut même s’amuser à imaginer des catastrophes qu’elle pourrait provoquer, mais nous ne sommes pas réellement émus par des idées : « si, par l’effet de la comète, nous nous sentions tous en même temps paralysés, ou glacés, ou chauffés, ou chatouillés, ou fatigués, ou pris de vertige, il y aurait une formidable peur sur la terre. Et cela viendrait surtout de ce que la peur se multiplierait par la contagion. Une centaine de visages hagards sous mes yeux feraient en un instant ce que les discours d’astronomes, pendant des mois, ne sauraient faire »… Ainsi il comprend la grande peur de l’an mil, et le grand mouvement de repentir et de désespoir, face non à quelque catastrophe, mais à la peur d’une catastrophe… De même, on n’a pas peur de voyager en train, mais on aurait peur de voir la peur de voyageurs qui s’enfuiraient en hurlant. « Les discours sur la comète me font rire. Mais s’ils m’étaient faits dans la rue par mille bouches sincères, je ne sais si je ne deviendrais pas aussi fou qu’eux. […] Car qu’est-ce que croire ? C’est agir et sentir comme si on croyait. Ma propre peur me convertirait en un tour de main. En revanche un moine, au milieu de nous, n’arrivera pas à croire. Voilà pourquoi il faut aimer la sagesse d’autrui autant que la sienne propre »…

004 Jacques-Denis ANTOINE (1733-1804) architecte
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L.A.S., 24 novembre 1790, à Pierre-François Palloy, « entrepreneur de bâtiments » ; 1 page in-4, adresse. Il le prie de procurer au nommé Philippe, « de l’ouvrage n’importe en quel endroit et dans quel genre »… C’est un « assez bon menuisier » :. Palloy pourra l’« employer avec confiance dans les ouvrages de cette proffession ; mais comme on fait tout quand il s’agit de vivre, il ne répugnera à rien, tant est pressant son besoin, celui de sa femme et de ses enfants »… Sous la signature d’Antoine, Palloy a noté : « architecte du Roy »

005 Louis ARAGON (1897-1982) écrivain
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005 Louis ARAGON (1897-1982) écrivain Image

Manuscrit autographe signé, [Pour Alexandre Sojenitsyne, novembre 1969] ; 1 page et quart in-4. Contre l’exclusion de SOLJENITSYNE de l’Union des Écrivains soviétiques (4 novembre 1969). Cette déclaration au nom du Comité National des Écrivains parut dans Les Lettres françaises du 19 novembre 1969 (n° 1309). « L’exclusion de Soljénitsyne de l’Union des Écrivains Soviétiques, annoncée, puis démentie, et enfin confirmée, suivant une technique téléguidée dont nous commençons à prendre l’habitude, constitue aux yeux du monde entier une erreur monumentale, qui ne se borne pas à nuire à l’Union Soviétique, mais contribue à confirmer l’opinion du socialisme qu’en propagent ses ennemis. Nous croyons savoir qu’en d’autres temps là-bas les hommes les plus raisonnables, et ceci jusqu’aux plus hautes instances du pouvoir, ont profondément regretté l’erreur analogue commise à l’égard de Boris Pasternak. Faut-il vraiment que les grands écrivains de l’URSS soient traités comme des êtres nuisibles ? »… Et de nommer quelques écrivains victimes des Grandes Purges… « Faut-il dire à nos confrères soviétiques, à ceux qui se taisent ou qu’on force à parler comme à ceux qui attachent aujourd’hui leur nom à des actes en lesquels comment ne voient-ils pas le reflet d’un passé récent ? qu’ils devraient se rappeler que la signature de certains de leurs devanciers confirmant des exclusions semblables a été trop souvent le blanc-seing donné au bourreau ? […] nous voulons encore croire que comme au temps des colères déchaînées par un jury qui avait osé couronner le plus grand poète russe alors vivant, dans les hauts conseils de ce peuple à qui nous devons l’aurore d’Octobre et la défaite du fascisme hitlérien, il se trouvera des gens capables de comprendre le mal fait et de ne pas le laisser s’accomplir »… Et Aragon inscrit le nom des signataires de la pétition, membres du Comité directeur du CNE : Elsa Triolet, Vercors,Jacques Madaule, Arthur Adamov, Aragon, Jean-Louis Bory, Michel Butor, Jean-Pierre Faye, Georges Govy, Guillevic, Pierre Paraf, Vladimir Pozner, Alain Prévost, Christiane Rochefort, Jean Rousselot, Jean-Paul Sartre.

008 ASSIGNATS
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008 ASSIGNATS Image

P.S. par Philippe Antoine Grouvelle (1753-1806) et Guillot, « Directeurs de la fabrication des Assignats », Paris 11 septembre 1793 ; 11 pages et demie gr. in-fol. Intéressant document sur les employés à la fabrication des assignats. État des « Mandats fournis », tirés sur la Trésorerie, et remis aux ouvriers et artisans employés par l’imprimerie, en 1792-1793 : Herhan, « pour la multiplication de la taille douce », Grassal mécanicien, Pierre timbreur, Chaulin papetier, Gallois planeur en cuivre, Daumy fondeur, Tardieu graveur, ainsi que des fondeurs, graveurs, serruriers, mécaniciens, menuisiers, épingliers, plombiers, etc.

009 Jacques AUDIBERTI (1899-1965) écrivain
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009 Jacques AUDIBERTI (1899-1965) écrivain Image

L.A.S. avec dessin, [Paris 10 avril 1938], à André Rolland de Renéville ; 1 page in-4, enveloppe. Belle lettre. « Pardonnez-moi de ne pas vous avoir remercié plus tôt pour votre livre [L’Expérience poétique]. Vous savez combien je vous admire pour cette lucide amour que vous portez à ce qui est tout, et qui n’est rien, à ce qui est nous, et notre mort – à la poésie. Lucide amour, amour exaltée et sacrifiée. Faire comprendre que l’ombre évoquée d’un nuage par les mots nombreux, cela compte, cela est sérieux, voilà la haute part que vous avez choisie – un nuage sur la face de la Puissance Assise – et vivre pour cette tâche, vivre comme on mourrait »... En marge, Audiberti a dessiné à la plume un crucifié et un personnage féminin, drapé.

012 Jules BARBEY D'AUREVILLY (1808-1889) écrivain
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012 Jules BARBEY D

L.A.S., [1858], à Marie Escudier, directeur du Réveil ; 1 page in-fol. à l’encre rouge, enveloppe. Il s’est placé dans un état nerveux très étrange, hier, en voulant travailler toute la journée. « Le Napoléon III était la brochure sur l’Angleterre, mais quand j’ai été là-dedans, j’ai bien vite reconnu que la politique était inévitable : alors j’ai changé de guitare. J’ai voulu railler et j’ai commencé un article sur les Cuisiniers littéraires (Le Gourmet) mais il ne faut pas être épuisé d’électricité pour avoir du vif et du mordant. Le mordu, c’était moi ! Je me suis donc couché comme on tombe sur le champ de bataille. [...] Avec un esprit aussi mors aux dents et aussi têtu que le mien, il me faudrait, pour que l’horrible chose d’hier ne recommençât point, un article toujours fait d’avance qui serait un en cas pour les jours où je ne pourrais rimer malgré Minerve »... Mais il proteste : « plus d’articles en l’air ! J’abhorre les généralités. Si pour mon article sur ces misérables femmes, j’avais eu un livre, – que j’eusse dit mes idées à propos d’un livre, – je n’aurais pas manqué mon bond »...

013 [Jules BARBEY D’AUREVILLY (1808-1889)]
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013 [Jules BARBEY D’AUREVILLY (1808-1889)] Image

Copies autographes par Guillaume-Stanislas TREBUTIEN (1800-1870) ; 10 pages et demie in-4. Intéressant ensemble de copies de lettres et de poèmes de Barbey, de la main de son fidèle ami. — « Oh ! pourquoi voyager »... : poème de 96 vers, Caen 9 décembre 1834, avec copie d’une lettre de Barbey à Trébutien le 13 décembre 1834 dans laquelle il parle de cette pièce de vers qui a reçu les applaudissements de son frère et qu’il croit « antique de pureté, d’attitude et de simplicité fière »... — Saigne mon cœur (20 vers), suivi d’un extrait d’une lettre du 29 juillet 1851, expliquant le dernier vers de cette « boucherie ». — Lettre du 13 septembre 1854 dans laquelle Barbey propose à Trebutien de collaborer à l’élaboration de deux ouvrages, l’un s’intitulerait Rhythme par Rhythme et se composerait peu à peu de ce qu’il lui enverrait, l’autre serait « des pensées sur toutes choses [...] la limaille du fer que je scie [...] les œuvres d’haleine ne seraient pas pour cela interrompues, et ce serait comme un par dessus le marché de mes autres occupations et travaux »... — A Roger de Beauvoir : envoi de 21 vers pour La Bague d’Annibal.

014 Léon BARBEY D’AUREVILLY (1809-1876) abbé, missionnaire eudiste, frère du romancier
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L.A.S., St Sauveur le Vicomte 17 janvier 1833, au président d’Avannes, et poème autographe signé, La Mauve et la petite fille ; 2 pages et demie et 4 pages in-4. — Il remercie du diplôme envoyé par l’Académie ébroïcienne, « société d’hommes spirituels, & distingués par le talent & par la science », pour le bulletin de laquelle il propose une « Chronique Normande inédite ». Il accepte d’être inscrit comme directeur de la correspondance car « la révolution de Juillet m’a fait assez de loisir pour que je puisse donner à l’étude, aux rêveries, & aux choses de la science [...] toutes les parties de ma journée qui s’écoulent ici dans une solitude de famille très favorable au travail et à la méditation »... — La Mauve et la petite fille, Harmonie marine, est une ballade de 88 vers datée de Carteret et signée « Léon d’Aurevilly rédacteur fondateur du Momus Normand » :

« Vous n’avez pas de larmes dans le cœur 

Si, près de l’eau qui bouillonne & scintille »....

015 Auguste BARBIER (1805-1882) poète
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015 Auguste BARBIER (1805-1882) poète Image

L.A.S., 21 juin 1854, [à Philippe BUSONI] ; 1 page in-8. Il remercie des deux volumes de sa belle traduction, qui l’ont surpris à son retour de la campagne : « je ne puis mieux répondre qu’en vous relisant avec plus d’attention et en vous priant d’accepter deux volumes de ma façon. Les vers sont un peu vieux, ils ne sont pas de Dante, cependant je ne les crois pas indignes de votre intérêt »...

016 Maurice BARRÈS (1862-1923) écrivain
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016 Maurice BARRÈS (1862-1923) écrivain Image

L.A.S., 27 novembre [vers 1890], à Edmond Deschaumes ; 2 pages in-8. Il le remercie de son intérêt pour son dernier ouvrage : « Assurément j’aurais aimé que votre opinion ainsi motivée fut mise sous les yeux du public, car il est improbable que je reçoive de plus sûre marque de ce qui est la grande satisfaction : faire penser [...] Il est assez évident – sans y mettre une vanité qui, selon moi, n’a pas de sens – que j’écris pour des intelligences particulières plutôt que pour la masse. Je suis encore trop près de l’instant où j’ai senti tout ce qui est dans ce livre pour accepter les objections. Détaché de moi depuis quelques semaines seulement, ce bouquin-là a encore le même rythme que moi-même. Et pourtant j’entrevois déjà que dans quelque délai je serai de votre opinion. Je perdrai le parti pris si nécessaire à l’entraînement de la production »…

017 Antoine Louis BARYE (1795-1875) sculpteur animalier
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L.A.S., 13 novembre 1873, à M. Pingard, secrétaire de l’Institut ; 1 page in-8. Il le prie de retirer au secrétariat les billets qui lui sont réservés pour la Séance annuelle de l’Institut.

019 Henry BECQUE (1837-1899) auteur dramatique
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4 L.A.S., [1867 et 1898], au compositeur Victorin de Joncières ; 10 pages in-8. De Dieppe, il attend une réponse à sa dernière lettre « avec un léger impatientement » à propos des rapports avec une certaine famille B. Il envoie deux actes de la comédie à laquelle il travaille et dont il est plutôt satisfait : « le 1er acte, exposition, me paraît bon, le 4e acte, oh le 4e  acte c’est très fort, le 3e avance ». Il est question de leur opéra Sardanapale qu’il faut placer, de l’Exposition universelle à Paris où il voudrait bien se rendre, du spectacle laid et bouffon d’une procession de la Fête-Dieu à Dieppe, des articles que Joncières pourrait proposer au journal La Volonté, etc.

021 René BENJAMIN (1885-1948) écrivain
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021 René BENJAMIN (1885-1948) écrivain Image

Manuscrit autographe signé, Sacrés Humoristes ! ; 3 pages et demie petit in-4. Saynète entre Monsieur, Madame et leur fille Alice, 18 ans. Au retour d’une visite au Salon des Humoristes, Madame indique à Monsieur son mécontentement d’avoir mené leur fille, « une vraie jeune fille, voir des gaudrioles, des petites ordures ! »… Monsieur se défend : ils ont vu des choses drôles… Mais Alice démontre, avec beaucoup de naturel, qu’elle a apprécié la grivoiserie, et Monsieur, à son tour, blâme son épouse de ne s’être pas enquise d’avance de ce que c’était que ce salon, afin de protéger leur fille : « un jour ou l’autre il t’en cuira »…

022 Pierre-Jean de BÉRANGER (1780-1857) poète et chansonnier
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L.A.S., [à son ami Guernu] ; 4 pages in-4. Longue et intéressante analyse et critique d’une comédie satirique et politique sous la Restauration. Il lui conseille de mieux répartir l’action sur les trois actes, et d’indiquer dès le début « le but vers lequel tu fais marcher ton caractère. Cela me paraît d’autant plus convenable que les deux premiers actes me paraissent vides d’action »... Il reproche certaines plaisanteries, qui ne sont pas du meilleur goût, même si son style lui paraît fort approprié à la comédie : « Il y a des passages qui, revus un peu, paraîtront excellents », à condition de renoncer aux « plaisanteries de mots »… Il encourage l’esprit satirique et politique du sujet : « L’indépendance n’est appelée manie, que pour les usages privés. Elle est presque inconnue chez nous dans l’application à la politique, et c’est une espèce de malheur. Le titre d’indépendant donné à certains hommes est un mot sans signification. Ta pièce donnera lieu à de fréquentes applications contre les libéraux : elle pourra te conduire à des récompenses ministérielles, et tu ne peux éviter cet inconvénient. Dans un pays aussi monarchique que le nôtre, dans un pays où l’on aura tant de peine à créer une opposition forte, vigoureuse, quoique toujours mesurée, il est au moins imprudent de tourner en ridicule l’indépendance de caractère […] Après 50 ou 60 ans de gouvernement représentatif, il n’y aurait pas de mal à donner des pièces de ce genre ; aujourd’hui j’en vois beaucoup »… Etc.

024 Georges BERNANOS (1888-1948) écrivain
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024 Georges BERNANOS (1888-1948) écrivain Image

Manuscrit autographe ; 1 page et demie in-4 sur feuillet de papier quadrillé. Brouillon très raturé et corrigé d’un feuillet d’une conférence ou d’un article pendant ou juste après la guerre (1939-1945) : « C’est bien joli par exemple de prétendre que la France ne reconnaît d’autre loi que celle de son propre intérêt, mais dans un monde livré à un déterminisme impitoyable qui s’appelle la concurrence totale, la France, précisément, ne sera pas grand-chose, en attendant qu’elle ne soit plus rien »… Etc.

025 Simon BERNARD (1779-1839) général et ingénieur, il réalisa de grands travaux aux États-Unis, et fut ministre de la Guerre
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025 Simon BERNARD (1779-1839) général et ingénieur, il réalisa de grands travaux aux États-Unis, et fut ministre de la Guerre Image

L.A.S., Neuilly 12 juillet 1833, au général Bertrand ; 3 pages in-4 à en-tête biffé Aide de Camp de service près du Roi (petite fente réparée). Intéressante lettre sur la fortification et la défense de Paris. Il a lu avec un vif intérêt son discours sur les fortifications de Paris, question traitée « non seulement avec la haute expérience que vous avez acquise, mais encore avec cette noble et consciencieuse conviction qui distingue votre beau caractère devenu, depuis longtemps, européen »… Il lui fait part de ses convictions personnelles : à son avis, Napoléon n’a jamais explicitement donné « un mode positif pour fortifier Paris d’une manière permanente », ce qu’il a toujours regretté : « La pensée de Vauban, notre grand maître, est plus positive ; deux enceintes concentriques et deux citadelles l’une en amont, l’autre en aval, celles-ci destinées à conserver la position après la prise des enceintes, et à recevoir tout le matériel d’une aussi grande défense. C’est une idée générale à laquelle je me suis attaché ; […] je crois qu’une ceinture de forts occupant les postions autour de Paris, le mur d’octroi convenablement organisé et protégé en avant par les faubourgs barricadés forment deux lignes concentriques de défense […] analogues à celles de Vauban. Je crois ce système moins coûteux que celui d’une seule enceinte bastionnée »… La situation politique de l’Europe ne permettant pas de s’abandonner à l’idée flatteuse d’une longue paix, il pense que Paris devrait être fortifiée, et au plus vite… De plus, il est persuadé que Paris ne peut être défendu par une simple garnison : « dans le cas d’une invasion, l’armée défensive ne peut manœuvrer que dans le sens d’une concentration sur Paris : point d’une importance immense »….

027 Pierre de Riel, marquis de BEURNONVILLE (1752-1821) général, ministre de la Guerre en 1793, il fut livré comme otage par Dumouriez aux Autrichiens ; maréchal de France
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027 Pierre de Riel, marquis de BEURNONVILLE (1752-1821) général, ministre de la Guerre en 1793, il fut livré comme otage par Dumouriez aux Autrichiens ; maréchal de France Image

L.A.S., Paris 9 pluviôse VII (28 janvier 1799), au citoyen Bottot ; 2 pages et demie in-4. En faveur de son 1er aide-de-camp pour la promotion duquel il présente un mémoire, et qui est à la tête de ses bureaux depuis quatre ans : « sans Carnot qui n’aimoit pas plus le Bourgeois qu’il n’aimoit le diable, l’aide de camp seroit depuis longtemps chef de brigade. Il vient de faire encore avec moi la tournée la plus pénible et la plus intéressante. Il est un des plus anciens capitaines de l’armée », et devrait être depuis longtemps chef d’escadron : « le Ministre de la Guerre qui lui rend toute justice, est très disposé à lui accorder ce brevet, si les directeurs apostillent ce mémoire. […] C’est la seule faveur que j’aye demandé depuis quatre ans au gouvernement, c’est aussi la seulle promotion »…

029 Léon BLOY (1846-1917) écrivain
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029 Léon BLOY (1846-1917) écrivain Image

L.A.S., Paris rue Blomet Vendredi soir [8 novembre 1889], à Johanne Molbech ; 2 pages in-8. Curieuse lettre inédite à sa future femme, où Bloy refuse de se rendre à la pension de sa « bien aimée Jeanne », où un « jeune homme » souhaite le rencontrer, de peur de la compromettre. Il pressent un danger : « D’ailleurs, je ne crois pas du tout à ces belles promesses », et il risque de trouver les conditions inacceptables. « Ce qui est exaspérant, c’est l’impossibilité de se voir. Cinq minutes de conversation avec toi, ma chérie, m’en apprendrait plus que plusieurs lettres. […] je suis plein de défiance. Pour que j’allasse en Algérie, il faudrait tant de choses que je n’y crois guère. […] Je ne veux pas me déranger sans autre profit que de satisfaire la curiosité des gens qui, probablement, ne peuvent rien pour moi. J’ai enduré souvent cette humiliation et j’en ai assez. Je suis déjà aussi malheureux qu’on puisse l’être ». Cette situation l’irrite profondément et le met « dans un état d’esprit très violent »… On joint une enveloppe autographe « Diplôme de Jeanne » (vide).

031 Louis, vicomte de BONALD (1754-1840) écrivain, philosophe et homme politique légitimiste
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L.A.S., mercredi soir [1814 ?], à son frère Auguste de Bonald, à Rodez (Aveyron) ; 2 pages in-4, adresse. Recommandation du fils aîné du « plus grand propriétaire de notre paroisse », le sieur Causse de Longuers, veuf chargé de neuf enfants, dont le deuxième « etoit dans les grenadiers de la garde, il n’en a pas eu de nouvelles depuis le mois d’avril 1812 [...] Je n’ay pu à Paris savoir ce qu’il etoit devenu et je ne doute pas qu’il n’ait péri dans la campagne de Russie. À present on demande l’aîné pour les gardes d’honneur, l’aîné qui est présent à l’armée puisqu’il y a un remplaçant qui lui a couté 8000ll. Cette maison où il y a un gros bien et d’une exploitation penible seroit perdue si on prenoit ce jeune homme »... Étant déjà intervenu auprès du préfet pour Léopold de Péquinolles, il ne veut encore écrire pour celui-ci, « mais j’ay pensé que vous lui serviriés de patron, et qu’il vous seroit permis de faire valoir des moyens legitimes d’exemption »... Il s’interroge ensuite sur les grands succès qui pourraient tourner à leur avantage : « Aurons nous enfin la paix à force de retraites [?], serons [nous] toujours heureux au-dehors et malheureux au-dedans ? En vérité, on ne scaurait assés s’étonner et de la constante fortune de cet homme et de l’éternelle infériorité de nations si guerrières et si nombreuses »...

032 Letizia BONAPARTE (1750-1836) mère de Napoléon
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L.S. « vostra affma sorella », Paris 9 avril 1807, [à son demi-frère, le cardinal Joseph Fesch] ; 1 page in-4. Nouvelles familiales. Elle a reçu ses lettres : « Celle qui m’annonce la fausseté de la nouvelle de votre prétendu accident a été très consolante pour moi. Je reconnois tout votre attachement dans le conseil que l’autre contient d’aller aux eaux, mais j’ai de fortes raisons que vous même ne pourrez qu’approuver lorsque je vous les ferai connoître, pour ne pas y aller dans le courant de cette saison. Ma santé continue à être bonne. Tous ceux de la famille à Paris se portent aussi bien. Hier j’ai reçu une lettre de Jérôme datée de Breslau. L’Empereur vient de le nommer Général de Division en lui conservant toujours son grade d’Amiral, et cela le comble de contentement et de joie. […] Je pense que Paulette [Pauline] vous a déjà prevenu que l’Empereur ne trouve pas bien qu’elle aille prendre les eaux en Provence »…

033 Marie BONAPARTE (1882-1962) descendante de Lucien Bonaparte ; princesse de Grèce, traductrice de Freud et introductrice de la psychanalyse en France
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033 Marie BONAPARTE (1882-1962) descendante de Lucien Bonaparte ; princesse de Grèce, traductrice de Freud et introductrice de la psychanalyse en France Image

L.A.S. « Marie (Pse de Grèce) », Le Lys de Mer, Saint-Tropez 20 septembre 1958, [à Robert Kemp] ; 1 page et demie in-4 à son adresse. « Les Presses universitaires ont l’intention de mettre en vente le second volume de mes souvenirs de jeunesse L’Appel des Sèves au début d’octobre. Et, comme je vous ai déjà remis ce volume au Lys de Mer, M. Josselin des Presses ne vous enverra pas d’autre exemplaire […]. Je veux vous dire le grand plaisir que nous avons eu toutes, ma fille, ma petite-fille et moi, à vous avoir quelques heures parmi nous, ainsi que Madame Robert Kemp »…

034 Emmanuel BONDEVILLE (1898-1987) compositeu
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034 Emmanuel BONDEVILLE (1898-1987) compositeu Image

L.A.S., jeudi, [à Émile Vuillermoz] ; 4 pages in-8. Il a failli lui télégraphier pour le rencontrer et « fixer la température... d’un Normand que, fort gentiment, vous qualifiez de calme et pondéré ! »... Il a hâte de le revoir « pour préparer – à la Radio – certaines réalisations qui peuvent être belles. Il arrive souvent que je me demande si je dois rester à la Radio. Je crois vraiment qu’un Normand authentiquement sage et authentiquement pondéré n’y demeurerait pas éternellement. Et cet examen de conscience ne tourne jamais à mon éloge par moi-même ! »...

035 Henri de BORNIER (1825-1901) auteur dramatique
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035 Henri de BORNIER (1825-1901) auteur dramatique Image

3 L.A.S., 1894-1897, à Victorin de Joncières, et poème autographe, La Chanson de Gérontia ; 3 pages in-4 dont 2 à en-tête Bibliothèque de l’Arsenal et 1 page in-fol. — Il rassure Joncières à propos de sa candidature, recommande Mlle Dreyfus une cantatrice américaine, assure qu’il a fait ce qu’il fallait pour rendre justice au poète de L’Âme du Sphinx... — La Chanson de Gérontia, poème de 16 vers, chanson « retranchée des Noces d’Attila » : « Dans sa tombe solitaire / L’enfant dort »... On joint une L.A.S., 10 avril 1896, à l’auteur de L’âme du Sphinx qui lui a rappelé des vers de V. Hugo (1 page in-8), et une carte de visite autogr.

036 Jacques-Bénigne BOSSUET (1627-1704) prélat, théologien, prédicateur et écrivain ; évêque de Meaux
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036 Jacques-Bénigne BOSSUET (1627-1704) prélat, théologien, prédicateur et écrivain ; évêque de Meaux Image

L.A., Paris 13 janvier 1698, [à son neveu l’abbé Jacques-Bénigne Bossuet (1664-1743), député à Rome pour l’affaire du quiétisme] ; 6 pages et demie in-8, fragment de cachet cire rouge au dos, quelques mots en chiffre (déchiffrés dans les interlignes). Importante lettre sur la querelle du quiétisme, faisant allusion à son Explication des maximes des Saints (Summa doctrinæ), à la réponse publiée par Fénelon, au procès de Mgr Le Tellier archevêque de Reims contre les Jésuites, et à d’autres personnalités et affaires du jour. Sa lettre du 10 décembre lui apprend des choses qu’il eût été fâché d’ignorer. « Je croy vous avoir mandé que j’ay veu entre les mains de Bonacurse [le cardinal de Janson] une lettre de 4003 [Mgr Giori], ou le feu ecrit en conformité avec 32 [l’abbé Bossuet]. 23 [Janson] m’a promis de la faire voir ou il faut. On est fort aise ici de la continuation des conferences des examinateurs. J’ai receu de Flandre un petit livre contre le Summa doctrinæ qui a beaucoup de venin et de dissimulation. Il y est fait mention d’une reponse a la declaration qui n’est pas encore venüe a ma connoissance. Je l’attend pour prendre ma resolution. Je ne ferai rien que de court. On ne croira pas ici aisement 8 [que] le duc Jean [le cardinal de Bouillon] ait 2.9.70.71.5. [hasté (la suite des conférences)]. Il se passe ici une chose qui fait grand bruit au sujet d’une remontrance que les Jesuites ont imprimée a M. de R[eims] sur son ordonnance. Ils la croyent fort respectueuse : et ce prelat la trouve pleine de derision et de brocards. Apres avoir attendu longtemps, et avoir pris les mesures qu’il falloit, on luy a permis d’avoir recours a la justice du Parlement sans entamer le fonds. Il s’agira seulement de la reparation sur le manque de respect et une impression sans aveu. M. de Reims a donné une requeste forte mais moderée : les superieurs des trois maisons des Jesuites ont esté mandés a demain pour venir avouer ou desavouer et faire leur declaration telle qu’ils trouveront a propos. Ils avoueront sans doute et sur la forme la condamnation est indubitable. Scavoir comment cela se tournera et ce que feront les Jesuites en satisfaction pour prevenir le coup c’est ce que l’on ne peut encore prevoir. Le RP de La Chaise prit la peine de venir hier ici avec le P. Gaillard et ils me parlerent amplement de cette affaire. Je leur fis quelque ouverture comme de moy mesme. Je les recevrai demain. Il sera encore temp par ce qu’on croit que les Jesuites ont obtenu un delay de quelque jours »... Bossuet évoque les bontés du cardinal de Bouillon pour l’abbé. M. de Paris était à Versailles, hier, lorsque Bossuet alla lui faire les compliments de l’abbé. « On envoyera au premier jour l’exposition de la foy et le recueil d’oraisons funebres [ces deux livres pour être offerts au cardinal Casanata] Vous aurez aussi les remarques des anglois sur Mr l’abbé de Fenelon. Nous y joindrons la Remonstrance a Mr de Reims, la requeste et l’arrest intervenu dessus pour mander les Jesuites. Cela s’est fait tres civilement par un greffier qui est Donois leur ami. Cet arrest prejuge assez contre eux. Continuez a servir l’église. Dieu vous aidera de plus en plus »... Il fera voir au Prince de Conti « ce que vous m’ecrivez sur son sujet qui est tres juste. Il va bientost gaigner son proces par arrest comme il l’a déjà gaigné par sentence des requettes du Palais ». Il ajoute en chiffre : « Les Jésuites enragent ».

038 René BOYLESVE (1867-1926) écrivain
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038 René BOYLESVE (1867-1926) écrivain Image

poème autographe, Nuit sur la grève ; 1 page et demie in-4. Poème en prose de jeunesse, avec ratures et corrections : « Du loin immesurable, dans l’opaque de la nuit, sourdent les lames qui vont venir. / Qui connaît l’antre des Conciles de la Mer ? qui pourrait dire où sourdent les lames ? / Et dans quel but sourdent les lames ? et pour quelles fins les lames sont parties ? / Larges d’un Océan, muettes d’un mystère, vont et roulent les lames sur l’immense des eaux sombres »...

Catalogue 2022
001 Louis AIMÉ-MARTIN (1786-1847) littérateur, disciple de Bernardin de Saint-Pierre dont il épousa la veuve et édita les œuvres Image
001 Louis AIMÉ-MARTIN (1786-1847) littérateur, disciple de Bernardin de Saint-Pierre dont il épousa la veuve et édita les œuvres
6 L.A.S., Paris 1811-1832 ; 11 pages in-4 ou petit in-4, qqs en-têtes Chambre des Députés ou Dépôt légal... 5 janvier 1811, à André-Marie Ampère, pour placer dans un collège ou un lycée M. Spanière, professeur très instruit, avec envoi de son traité De l’existence de Dieu démontrée par les merveilles de la nature. Je vous demande beaucoup d’indulgence, et vous êtes trop savant et trop aimable pour me refuser ce dont j’ai un si grand besoin »… 181-, à un maître. Envoi d’un petit article, avec invitation d’y retrancher ce qui ne lui plaira pas : « C’est un jeune homme qui a fait l’article et vous savez que les jeunes gens ont beaucoup d’indulgence pour leurs amis »… 20 juillet 1824. Chef du bureau des procès-verbaux de la Chambre des Députés, il se plaint aux questeurs de deux employés non ponctuels, et propose pour les punir « une retenue de 8 ou dix jours sur leur traitement »… 24 février 1825, pour faire rendre à sa compatriote Mme Jardin son brevet de libraire…3 avril 1826, en faveur d’une gratification pour M. Rogier, « employé extraordinaire au bureau des procès-verbaux » de la Chambre des députés, à l’occasion de sa retraite… 6 janvier 1832, comme Directeur du Dépôt légal…
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002 Émile Chartier dit ALAIN (1868-1951) philosophe Image
002 Émile Chartier dit ALAIN (1868-1951) philosophe
Manuscrit autographe signé, Propos d’un Normand, [1910] ; 2 pages in-8. Sur la contagion de la peur (texte publié dans La Dépêche de Rouen du 8 mai 1910). Il n’a pas peur lorsqu’il pense à la comète, il peut même s’amuser à imaginer des catastrophes qu’elle pourrait provoquer, mais nous ne sommes pas réellement émus par des idées : « si, par l’effet de la comète, nous nous sentions tous en même temps paralysés, ou glacés, ou chauffés, ou chatouillés, ou fatigués, ou pris de vertige, il y aurait une formidable peur sur la terre. Et cela viendrait surtout de ce que la peur se multiplierait par la contagion. Une centaine de visages hagards sous mes yeux feraient en un instant ce que les discours d’astronomes, pendant des mois, ne sauraient faire »… Ainsi il comprend la grande peur de l’an mil, et le grand mouvement de repentir et de désespoir, face non à quelque catastrophe, mais à la peur d’une catastrophe… De même, on n’a pas peur de voyager en train, mais on aurait peur de voir la peur de voyageurs qui s’enfuiraient en hurlant. « Les discours sur la comète me font rire. Mais s’ils m’étaient faits dans la rue par mille bouches sincères, je ne sais si je ne deviendrais pas aussi fou qu’eux. […] Car qu’est-ce que croire ? C’est agir et sentir comme si on croyait. Ma propre peur me convertirait en un tour de main. En revanche un moine, au milieu de nous, n’arrivera pas à croire. Voilà pourquoi il faut aimer la sagesse d’autrui autant que la sienne propre »…
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004 Jacques-Denis ANTOINE (1733-1804) architecte Image
004 Jacques-Denis ANTOINE (1733-1804) architecte
L.A.S., 24 novembre 1790, à Pierre-François Palloy, « entrepreneur de bâtiments » ; 1 page in-4, adresse. Il le prie de procurer au nommé Philippe, « de l’ouvrage n’importe en quel endroit et dans quel genre »… C’est un « assez bon menuisier » :. Palloy pourra l’« employer avec confiance dans les ouvrages de cette proffession ; mais comme on fait tout quand il s’agit de vivre, il ne répugnera à rien, tant est pressant son besoin, celui de sa femme et de ses enfants »… Sous la signature d’Antoine, Palloy a noté : « architecte du Roy »
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005 Louis ARAGON (1897-1982) écrivain Image
005 Louis ARAGON (1897-1982) écrivain
Manuscrit autographe signé, [Pour Alexandre Sojenitsyne, novembre 1969] ; 1 page et quart in-4. Contre l’exclusion de SOLJENITSYNE de l’Union des Écrivains soviétiques (4 novembre 1969). Cette déclaration au nom du Comité National des Écrivains parut dans Les Lettres françaises du 19 novembre 1969 (n° 1309). « L’exclusion de Soljénitsyne de l’Union des Écrivains Soviétiques, annoncée, puis démentie, et enfin confirmée, suivant une technique téléguidée dont nous commençons à prendre l’habitude, constitue aux yeux du monde entier une erreur monumentale, qui ne se borne pas à nuire à l’Union Soviétique, mais contribue à confirmer l’opinion du socialisme qu’en propagent ses ennemis. Nous croyons savoir qu’en d’autres temps là-bas les hommes les plus raisonnables, et ceci jusqu’aux plus hautes instances du pouvoir, ont profondément regretté l’erreur analogue commise à l’égard de Boris Pasternak. Faut-il vraiment que les grands écrivains de l’URSS soient traités comme des êtres nuisibles ? »… Et de nommer quelques écrivains victimes des Grandes Purges… « Faut-il dire à nos confrères soviétiques, à ceux qui se taisent ou qu’on force à parler comme à ceux qui attachent aujourd’hui leur nom à des actes en lesquels comment ne voient-ils pas le reflet d’un passé récent ? qu’ils devraient se rappeler que la signature de certains de leurs devanciers confirmant des exclusions semblables a été trop souvent le blanc-seing donné au bourreau ? […] nous voulons encore croire que comme au temps des colères déchaînées par un jury qui avait osé couronner le plus grand poète russe alors vivant, dans les hauts conseils de ce peuple à qui nous devons l’aurore d’Octobre et la défaite du fascisme hitlérien, il se trouvera des gens capables de comprendre le mal fait et de ne pas le laisser s’accomplir »… Et Aragon inscrit le nom des signataires de la pétition, membres du Comité directeur du CNE : Elsa Triolet, Vercors,Jacques Madaule, Arthur Adamov, Aragon, Jean-Louis Bory, Michel Butor, Jean-Pierre Faye, Georges Govy, Guillevic, Pierre Paraf, Vladimir Pozner, Alain Prévost, Christiane Rochefort, Jean Rousselot, Jean-Paul Sartre.
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008 ASSIGNATS
P.S. par Philippe Antoine Grouvelle (1753-1806) et Guillot, « Directeurs de la fabrication des Assignats », Paris 11 septembre 1793 ; 11 pages et demie gr. in-fol. Intéressant document sur les employés à la fabrication des assignats. État des « Mandats fournis », tirés sur la Trésorerie, et remis aux ouvriers et artisans employés par l’imprimerie, en 1792-1793 : Herhan, « pour la multiplication de la taille douce », Grassal mécanicien, Pierre timbreur, Chaulin papetier, Gallois planeur en cuivre, Daumy fondeur, Tardieu graveur, ainsi que des fondeurs, graveurs, serruriers, mécaniciens, menuisiers, épingliers, plombiers, etc.
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009 Jacques AUDIBERTI (1899-1965) écrivain Image
009 Jacques AUDIBERTI (1899-1965) écrivain
L.A.S. avec dessin, [Paris 10 avril 1938], à André Rolland de Renéville ; 1 page in-4, enveloppe. Belle lettre. « Pardonnez-moi de ne pas vous avoir remercié plus tôt pour votre livre [L’Expérience poétique]. Vous savez combien je vous admire pour cette lucide amour que vous portez à ce qui est tout, et qui n’est rien, à ce qui est nous, et notre mort – à la poésie. Lucide amour, amour exaltée et sacrifiée. Faire comprendre que l’ombre évoquée d’un nuage par les mots nombreux, cela compte, cela est sérieux, voilà la haute part que vous avez choisie – un nuage sur la face de la Puissance Assise – et vivre pour cette tâche, vivre comme on mourrait »... En marge, Audiberti a dessiné à la plume un crucifié et un personnage féminin, drapé.
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012 Jules BARBEY D
012 Jules BARBEY D'AUREVILLY (1808-1889) écrivain
L.A.S., [1858], à Marie Escudier, directeur du Réveil ; 1 page in-fol. à l’encre rouge, enveloppe. Il s’est placé dans un état nerveux très étrange, hier, en voulant travailler toute la journée. « Le Napoléon III était la brochure sur l’Angleterre, mais quand j’ai été là-dedans, j’ai bien vite reconnu que la politique était inévitable : alors j’ai changé de guitare. J’ai voulu railler et j’ai commencé un article sur les Cuisiniers littéraires (Le Gourmet) mais il ne faut pas être épuisé d’électricité pour avoir du vif et du mordant. Le mordu, c’était moi ! Je me suis donc couché comme on tombe sur le champ de bataille. [...] Avec un esprit aussi mors aux dents et aussi têtu que le mien, il me faudrait, pour que l’horrible chose d’hier ne recommençât point, un article toujours fait d’avance qui serait un en cas pour les jours où je ne pourrais rimer malgré Minerve »... Mais il proteste : « plus d’articles en l’air ! J’abhorre les généralités. Si pour mon article sur ces misérables femmes, j’avais eu un livre, – que j’eusse dit mes idées à propos d’un livre, – je n’aurais pas manqué mon bond »...
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013 [Jules BARBEY D’AUREVILLY (1808-1889)]
Copies autographes par Guillaume-Stanislas TREBUTIEN (1800-1870) ; 10 pages et demie in-4. Intéressant ensemble de copies de lettres et de poèmes de Barbey, de la main de son fidèle ami. — « Oh ! pourquoi voyager »... : poème de 96 vers, Caen 9 décembre 1834, avec copie d’une lettre de Barbey à Trébutien le 13 décembre 1834 dans laquelle il parle de cette pièce de vers qui a reçu les applaudissements de son frère et qu’il croit « antique de pureté, d’attitude et de simplicité fière »... — Saigne mon cœur (20 vers), suivi d’un extrait d’une lettre du 29 juillet 1851, expliquant le dernier vers de cette « boucherie ». — Lettre du 13 septembre 1854 dans laquelle Barbey propose à Trebutien de collaborer à l’élaboration de deux ouvrages, l’un s’intitulerait Rhythme par Rhythme et se composerait peu à peu de ce qu’il lui enverrait, l’autre serait « des pensées sur toutes choses [...] la limaille du fer que je scie [...] les œuvres d’haleine ne seraient pas pour cela interrompues, et ce serait comme un par dessus le marché de mes autres occupations et travaux »... — A Roger de Beauvoir : envoi de 21 vers pour La Bague d’Annibal.
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014 Léon BARBEY D’AUREVILLY (1809-1876) abbé, missionnaire eudiste, frère du romancier Image
014 Léon BARBEY D’AUREVILLY (1809-1876) abbé, missionnaire eudiste, frère du romancier
L.A.S., St Sauveur le Vicomte 17 janvier 1833, au président d’Avannes, et poème autographe signé, La Mauve et la petite fille ; 2 pages et demie et 4 pages in-4. — Il remercie du diplôme envoyé par l’Académie ébroïcienne, « société d’hommes spirituels, & distingués par le talent & par la science », pour le bulletin de laquelle il propose une « Chronique Normande inédite ». Il accepte d’être inscrit comme directeur de la correspondance car « la révolution de Juillet m’a fait assez de loisir pour que je puisse donner à l’étude, aux rêveries, & aux choses de la science [...] toutes les parties de ma journée qui s’écoulent ici dans une solitude de famille très favorable au travail et à la méditation »... — La Mauve et la petite fille, Harmonie marine, est une ballade de 88 vers datée de Carteret et signée « Léon d’Aurevilly rédacteur fondateur du Momus Normand » : « Vous n’avez pas de larmes dans le cœur Si, près de l’eau qui bouillonne & scintille »....
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015 Auguste BARBIER (1805-1882) poète Image
015 Auguste BARBIER (1805-1882) poète
L.A.S., 21 juin 1854, [à Philippe BUSONI] ; 1 page in-8. Il remercie des deux volumes de sa belle traduction, qui l’ont surpris à son retour de la campagne : « je ne puis mieux répondre qu’en vous relisant avec plus d’attention et en vous priant d’accepter deux volumes de ma façon. Les vers sont un peu vieux, ils ne sont pas de Dante, cependant je ne les crois pas indignes de votre intérêt »...
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016 Maurice BARRÈS (1862-1923) écrivain Image
016 Maurice BARRÈS (1862-1923) écrivain
L.A.S., 27 novembre [vers 1890], à Edmond Deschaumes ; 2 pages in-8. Il le remercie de son intérêt pour son dernier ouvrage : « Assurément j’aurais aimé que votre opinion ainsi motivée fut mise sous les yeux du public, car il est improbable que je reçoive de plus sûre marque de ce qui est la grande satisfaction : faire penser [...] Il est assez évident – sans y mettre une vanité qui, selon moi, n’a pas de sens – que j’écris pour des intelligences particulières plutôt que pour la masse. Je suis encore trop près de l’instant où j’ai senti tout ce qui est dans ce livre pour accepter les objections. Détaché de moi depuis quelques semaines seulement, ce bouquin-là a encore le même rythme que moi-même. Et pourtant j’entrevois déjà que dans quelque délai je serai de votre opinion. Je perdrai le parti pris si nécessaire à l’entraînement de la production »…
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017 Antoine Louis BARYE (1795-1875) sculpteur animalier Image
017 Antoine Louis BARYE (1795-1875) sculpteur animalier
L.A.S., 13 novembre 1873, à M. Pingard, secrétaire de l’Institut ; 1 page in-8. Il le prie de retirer au secrétariat les billets qui lui sont réservés pour la Séance annuelle de l’Institut.
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019 Henry BECQUE (1837-1899) auteur dramatique Image
019 Henry BECQUE (1837-1899) auteur dramatique
4 L.A.S., [1867 et 1898], au compositeur Victorin de Joncières ; 10 pages in-8. De Dieppe, il attend une réponse à sa dernière lettre « avec un léger impatientement » à propos des rapports avec une certaine famille B. Il envoie deux actes de la comédie à laquelle il travaille et dont il est plutôt satisfait : « le 1er acte, exposition, me paraît bon, le 4e acte, oh le 4e  acte c’est très fort, le 3e avance ». Il est question de leur opéra Sardanapale qu’il faut placer, de l’Exposition universelle à Paris où il voudrait bien se rendre, du spectacle laid et bouffon d’une procession de la Fête-Dieu à Dieppe, des articles que Joncières pourrait proposer au journal La Volonté, etc.
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021 René BENJAMIN (1885-1948) écrivain Image
021 René BENJAMIN (1885-1948) écrivain
Manuscrit autographe signé, Sacrés Humoristes ! ; 3 pages et demie petit in-4. Saynète entre Monsieur, Madame et leur fille Alice, 18 ans. Au retour d’une visite au Salon des Humoristes, Madame indique à Monsieur son mécontentement d’avoir mené leur fille, « une vraie jeune fille, voir des gaudrioles, des petites ordures ! »… Monsieur se défend : ils ont vu des choses drôles… Mais Alice démontre, avec beaucoup de naturel, qu’elle a apprécié la grivoiserie, et Monsieur, à son tour, blâme son épouse de ne s’être pas enquise d’avance de ce que c’était que ce salon, afin de protéger leur fille : « un jour ou l’autre il t’en cuira »…
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022 Pierre-Jean de BÉRANGER (1780-1857) poète et chansonnier Image
022 Pierre-Jean de BÉRANGER (1780-1857) poète et chansonnier
L.A.S., [à son ami Guernu] ; 4 pages in-4. Longue et intéressante analyse et critique d’une comédie satirique et politique sous la Restauration. Il lui conseille de mieux répartir l’action sur les trois actes, et d’indiquer dès le début « le but vers lequel tu fais marcher ton caractère. Cela me paraît d’autant plus convenable que les deux premiers actes me paraissent vides d’action »... Il reproche certaines plaisanteries, qui ne sont pas du meilleur goût, même si son style lui paraît fort approprié à la comédie : « Il y a des passages qui, revus un peu, paraîtront excellents », à condition de renoncer aux « plaisanteries de mots »… Il encourage l’esprit satirique et politique du sujet : « L’indépendance n’est appelée manie, que pour les usages privés. Elle est presque inconnue chez nous dans l’application à la politique, et c’est une espèce de malheur. Le titre d’indépendant donné à certains hommes est un mot sans signification. Ta pièce donnera lieu à de fréquentes applications contre les libéraux : elle pourra te conduire à des récompenses ministérielles, et tu ne peux éviter cet inconvénient. Dans un pays aussi monarchique que le nôtre, dans un pays où l’on aura tant de peine à créer une opposition forte, vigoureuse, quoique toujours mesurée, il est au moins imprudent de tourner en ridicule l’indépendance de caractère […] Après 50 ou 60 ans de gouvernement représentatif, il n’y aurait pas de mal à donner des pièces de ce genre ; aujourd’hui j’en vois beaucoup »… Etc.
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024 Georges BERNANOS (1888-1948) écrivain Image
024 Georges BERNANOS (1888-1948) écrivain
Manuscrit autographe ; 1 page et demie in-4 sur feuillet de papier quadrillé. Brouillon très raturé et corrigé d’un feuillet d’une conférence ou d’un article pendant ou juste après la guerre (1939-1945) : « C’est bien joli par exemple de prétendre que la France ne reconnaît d’autre loi que celle de son propre intérêt, mais dans un monde livré à un déterminisme impitoyable qui s’appelle la concurrence totale, la France, précisément, ne sera pas grand-chose, en attendant qu’elle ne soit plus rien »… Etc.
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025 Simon BERNARD (1779-1839) général et ingénieur, il réalisa de grands travaux aux États-Unis, et fut ministre de la Guerre Image
025 Simon BERNARD (1779-1839) général et ingénieur, il réalisa de grands travaux aux États-Unis, et fut ministre de la Guerre
L.A.S., Neuilly 12 juillet 1833, au général Bertrand ; 3 pages in-4 à en-tête biffé Aide de Camp de service près du Roi (petite fente réparée). Intéressante lettre sur la fortification et la défense de Paris. Il a lu avec un vif intérêt son discours sur les fortifications de Paris, question traitée « non seulement avec la haute expérience que vous avez acquise, mais encore avec cette noble et consciencieuse conviction qui distingue votre beau caractère devenu, depuis longtemps, européen »… Il lui fait part de ses convictions personnelles : à son avis, Napoléon n’a jamais explicitement donné « un mode positif pour fortifier Paris d’une manière permanente », ce qu’il a toujours regretté : « La pensée de Vauban, notre grand maître, est plus positive ; deux enceintes concentriques et deux citadelles l’une en amont, l’autre en aval, celles-ci destinées à conserver la position après la prise des enceintes, et à recevoir tout le matériel d’une aussi grande défense. C’est une idée générale à laquelle je me suis attaché ; […] je crois qu’une ceinture de forts occupant les postions autour de Paris, le mur d’octroi convenablement organisé et protégé en avant par les faubourgs barricadés forment deux lignes concentriques de défense […] analogues à celles de Vauban. Je crois ce système moins coûteux que celui d’une seule enceinte bastionnée »… La situation politique de l’Europe ne permettant pas de s’abandonner à l’idée flatteuse d’une longue paix, il pense que Paris devrait être fortifiée, et au plus vite… De plus, il est persuadé que Paris ne peut être défendu par une simple garnison : « dans le cas d’une invasion, l’armée défensive ne peut manœuvrer que dans le sens d’une concentration sur Paris : point d’une importance immense »….
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027 Pierre de Riel, marquis de BEURNONVILLE (1752-1821) général, ministre de la Guerre en 1793, il fut livré comme otage par Dumouriez aux Autrichiens ; maréchal de France Image
027 Pierre de Riel, marquis de BEURNONVILLE (1752-1821) général, ministre de la Guerre en 1793, il fut livré comme otage par Dumouriez aux Autrichiens ; maréchal de France
L.A.S., Paris 9 pluviôse VII (28 janvier 1799), au citoyen Bottot ; 2 pages et demie in-4. En faveur de son 1er aide-de-camp pour la promotion duquel il présente un mémoire, et qui est à la tête de ses bureaux depuis quatre ans : « sans Carnot qui n’aimoit pas plus le Bourgeois qu’il n’aimoit le diable, l’aide de camp seroit depuis longtemps chef de brigade. Il vient de faire encore avec moi la tournée la plus pénible et la plus intéressante. Il est un des plus anciens capitaines de l’armée », et devrait être depuis longtemps chef d’escadron : « le Ministre de la Guerre qui lui rend toute justice, est très disposé à lui accorder ce brevet, si les directeurs apostillent ce mémoire. […] C’est la seule faveur que j’aye demandé depuis quatre ans au gouvernement, c’est aussi la seulle promotion »…
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029 Léon BLOY (1846-1917) écrivain Image
029 Léon BLOY (1846-1917) écrivain
L.A.S., Paris rue Blomet Vendredi soir [8 novembre 1889], à Johanne Molbech ; 2 pages in-8. Curieuse lettre inédite à sa future femme, où Bloy refuse de se rendre à la pension de sa « bien aimée Jeanne », où un « jeune homme » souhaite le rencontrer, de peur de la compromettre. Il pressent un danger : « D’ailleurs, je ne crois pas du tout à ces belles promesses », et il risque de trouver les conditions inacceptables. « Ce qui est exaspérant, c’est l’impossibilité de se voir. Cinq minutes de conversation avec toi, ma chérie, m’en apprendrait plus que plusieurs lettres. […] je suis plein de défiance. Pour que j’allasse en Algérie, il faudrait tant de choses que je n’y crois guère. […] Je ne veux pas me déranger sans autre profit que de satisfaire la curiosité des gens qui, probablement, ne peuvent rien pour moi. J’ai enduré souvent cette humiliation et j’en ai assez. Je suis déjà aussi malheureux qu’on puisse l’être ». Cette situation l’irrite profondément et le met « dans un état d’esprit très violent »… On joint une enveloppe autographe « Diplôme de Jeanne » (vide).
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031 Louis, vicomte de BONALD (1754-1840) écrivain, philosophe et homme politique légitimiste Image
031 Louis, vicomte de BONALD (1754-1840) écrivain, philosophe et homme politique légitimiste
L.A.S., mercredi soir [1814 ?], à son frère Auguste de Bonald, à Rodez (Aveyron) ; 2 pages in-4, adresse. Recommandation du fils aîné du « plus grand propriétaire de notre paroisse », le sieur Causse de Longuers, veuf chargé de neuf enfants, dont le deuxième « etoit dans les grenadiers de la garde, il n’en a pas eu de nouvelles depuis le mois d’avril 1812 [...] Je n’ay pu à Paris savoir ce qu’il etoit devenu et je ne doute pas qu’il n’ait péri dans la campagne de Russie. À present on demande l’aîné pour les gardes d’honneur, l’aîné qui est présent à l’armée puisqu’il y a un remplaçant qui lui a couté 8000ll. Cette maison où il y a un gros bien et d’une exploitation penible seroit perdue si on prenoit ce jeune homme »... Étant déjà intervenu auprès du préfet pour Léopold de Péquinolles, il ne veut encore écrire pour celui-ci, « mais j’ay pensé que vous lui serviriés de patron, et qu’il vous seroit permis de faire valoir des moyens legitimes d’exemption »... Il s’interroge ensuite sur les grands succès qui pourraient tourner à leur avantage : « Aurons nous enfin la paix à force de retraites [?], serons [nous] toujours heureux au-dehors et malheureux au-dedans ? En vérité, on ne scaurait assés s’étonner et de la constante fortune de cet homme et de l’éternelle infériorité de nations si guerrières et si nombreuses »...
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032 Letizia BONAPARTE (1750-1836) mère de Napoléon Image
032 Letizia BONAPARTE (1750-1836) mère de Napoléon
L.S. « vostra affma sorella », Paris 9 avril 1807, [à son demi-frère, le cardinal Joseph Fesch] ; 1 page in-4. Nouvelles familiales. Elle a reçu ses lettres : « Celle qui m’annonce la fausseté de la nouvelle de votre prétendu accident a été très consolante pour moi. Je reconnois tout votre attachement dans le conseil que l’autre contient d’aller aux eaux, mais j’ai de fortes raisons que vous même ne pourrez qu’approuver lorsque je vous les ferai connoître, pour ne pas y aller dans le courant de cette saison. Ma santé continue à être bonne. Tous ceux de la famille à Paris se portent aussi bien. Hier j’ai reçu une lettre de Jérôme datée de Breslau. L’Empereur vient de le nommer Général de Division en lui conservant toujours son grade d’Amiral, et cela le comble de contentement et de joie. […] Je pense que Paulette [Pauline] vous a déjà prevenu que l’Empereur ne trouve pas bien qu’elle aille prendre les eaux en Provence »…
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033 Marie BONAPARTE (1882-1962) descendante de Lucien Bonaparte ; princesse de Grèce, traductrice de Freud et introductrice de la psychanalyse en France Image
033 Marie BONAPARTE (1882-1962) descendante de Lucien Bonaparte ; princesse de Grèce, traductrice de Freud et introductrice de la psychanalyse en France
L.A.S. « Marie (Pse de Grèce) », Le Lys de Mer, Saint-Tropez 20 septembre 1958, [à Robert Kemp] ; 1 page et demie in-4 à son adresse. « Les Presses universitaires ont l’intention de mettre en vente le second volume de mes souvenirs de jeunesse L’Appel des Sèves au début d’octobre. Et, comme je vous ai déjà remis ce volume au Lys de Mer, M. Josselin des Presses ne vous enverra pas d’autre exemplaire […]. Je veux vous dire le grand plaisir que nous avons eu toutes, ma fille, ma petite-fille et moi, à vous avoir quelques heures parmi nous, ainsi que Madame Robert Kemp »…
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034 Emmanuel BONDEVILLE (1898-1987) compositeu Image
034 Emmanuel BONDEVILLE (1898-1987) compositeu
L.A.S., jeudi, [à Émile Vuillermoz] ; 4 pages in-8. Il a failli lui télégraphier pour le rencontrer et « fixer la température... d’un Normand que, fort gentiment, vous qualifiez de calme et pondéré ! »... Il a hâte de le revoir « pour préparer – à la Radio – certaines réalisations qui peuvent être belles. Il arrive souvent que je me demande si je dois rester à la Radio. Je crois vraiment qu’un Normand authentiquement sage et authentiquement pondéré n’y demeurerait pas éternellement. Et cet examen de conscience ne tourne jamais à mon éloge par moi-même ! »...
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035 Henri de BORNIER (1825-1901) auteur dramatique Image
035 Henri de BORNIER (1825-1901) auteur dramatique
3 L.A.S., 1894-1897, à Victorin de Joncières, et poème autographe, La Chanson de Gérontia ; 3 pages in-4 dont 2 à en-tête Bibliothèque de l’Arsenal et 1 page in-fol. — Il rassure Joncières à propos de sa candidature, recommande Mlle Dreyfus une cantatrice américaine, assure qu’il a fait ce qu’il fallait pour rendre justice au poète de L’Âme du Sphinx... — La Chanson de Gérontia, poème de 16 vers, chanson « retranchée des Noces d’Attila » : « Dans sa tombe solitaire / L’enfant dort »... On joint une L.A.S., 10 avril 1896, à l’auteur de L’âme du Sphinx qui lui a rappelé des vers de V. Hugo (1 page in-8), et une carte de visite autogr.
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036 Jacques-Bénigne BOSSUET (1627-1704) prélat, théologien, prédicateur et écrivain ; évêque de Meaux Image
036 Jacques-Bénigne BOSSUET (1627-1704) prélat, théologien, prédicateur et écrivain ; évêque de Meaux
L.A., Paris 13 janvier 1698, [à son neveu l’abbé Jacques-Bénigne Bossuet (1664-1743), député à Rome pour l’affaire du quiétisme] ; 6 pages et demie in-8, fragment de cachet cire rouge au dos, quelques mots en chiffre (déchiffrés dans les interlignes). Importante lettre sur la querelle du quiétisme, faisant allusion à son Explication des maximes des Saints (Summa doctrinæ), à la réponse publiée par Fénelon, au procès de Mgr Le Tellier archevêque de Reims contre les Jésuites, et à d’autres personnalités et affaires du jour. Sa lettre du 10 décembre lui apprend des choses qu’il eût été fâché d’ignorer. « Je croy vous avoir mandé que j’ay veu entre les mains de Bonacurse [le cardinal de Janson] une lettre de 4003 [Mgr Giori], ou le feu ecrit en conformité avec 32 [l’abbé Bossuet]. 23 [Janson] m’a promis de la faire voir ou il faut. On est fort aise ici de la continuation des conferences des examinateurs. J’ai receu de Flandre un petit livre contre le Summa doctrinæ qui a beaucoup de venin et de dissimulation. Il y est fait mention d’une reponse a la declaration qui n’est pas encore venüe a ma connoissance. Je l’attend pour prendre ma resolution. Je ne ferai rien que de court. On ne croira pas ici aisement 8 [que] le duc Jean [le cardinal de Bouillon] ait 2.9.70.71.5. [hasté (la suite des conférences)]. Il se passe ici une chose qui fait grand bruit au sujet d’une remontrance que les Jesuites ont imprimée a M. de R[eims] sur son ordonnance. Ils la croyent fort respectueuse : et ce prelat la trouve pleine de derision et de brocards. Apres avoir attendu longtemps, et avoir pris les mesures qu’il falloit, on luy a permis d’avoir recours a la justice du Parlement sans entamer le fonds. Il s’agira seulement de la reparation sur le manque de respect et une impression sans aveu. M. de Reims a donné une requeste forte mais moderée : les superieurs des trois maisons des Jesuites ont esté mandés a demain pour venir avouer ou desavouer et faire leur declaration telle qu’ils trouveront a propos. Ils avoueront sans doute et sur la forme la condamnation est indubitable. Scavoir comment cela se tournera et ce que feront les Jesuites en satisfaction pour prevenir le coup c’est ce que l’on ne peut encore prevoir. Le RP de La Chaise prit la peine de venir hier ici avec le P. Gaillard et ils me parlerent amplement de cette affaire. Je leur fis quelque ouverture comme de moy mesme. Je les recevrai demain. Il sera encore temp par ce qu’on croit que les Jesuites ont obtenu un delay de quelque jours »... Bossuet évoque les bontés du cardinal de Bouillon pour l’abbé. M. de Paris était à Versailles, hier, lorsque Bossuet alla lui faire les compliments de l’abbé. « On envoyera au premier jour l’exposition de la foy et le recueil d’oraisons funebres [ces deux livres pour être offerts au cardinal Casanata] Vous aurez aussi les remarques des anglois sur Mr l’abbé de Fenelon. Nous y joindrons la Remonstrance a Mr de Reims, la requeste et l’arrest intervenu dessus pour mander les Jesuites. Cela s’est fait tres civilement par un greffier qui est Donois leur ami. Cet arrest prejuge assez contre eux. Continuez a servir l’église. Dieu vous aidera de plus en plus »... Il fera voir au Prince de Conti « ce que vous m’ecrivez sur son sujet qui est tres juste. Il va bientost gaigner son proces par arrest comme il l’a déjà gaigné par sentence des requettes du Palais ». Il ajoute en chiffre : « Les Jésuites enragent ».
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038 René BOYLESVE (1867-1926) écrivain Image
038 René BOYLESVE (1867-1926) écrivain
poème autographe, Nuit sur la grève ; 1 page et demie in-4. Poème en prose de jeunesse, avec ratures et corrections : « Du loin immesurable, dans l’opaque de la nuit, sourdent les lames qui vont venir. / Qui connaît l’antre des Conciles de la Mer ? qui pourrait dire où sourdent les lames ? / Et dans quel but sourdent les lames ? et pour quelles fins les lames sont parties ? / Larges d’un Océan, muettes d’un mystère, vont et roulent les lames sur l’immense des eaux sombres »...
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