Catalogue 2023

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  • 041 Alfred de VIGNY (1797-1863) poète

  • 041 Alfred de VIGNY (1797-1863) poète Image
  • Manuscrit autographe signé, Fragment de La Maison du Berger, avec L.A.S. d’envoi, 20 octobre 1853 ; 5 feuillets in-4, et 4 pages in-8, montés sur onglets et reliés en un volume in-4 demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée (Alix).

    Important extrait du célèbre poème La Maison du Berger, publié le 15 juillet 1844 dans la Revue des Deux Mondes, et recueilli dans le volume posthume des « poëmes philosophiques » Les Destinées (1864).

    Cette belle copie par Vigny de 10 strophes de son poème porte le titre : « Fragment de : La Maison du Berger. Poëme. Sur les chemins de fer ». Elle est faite à l’encre noire, au recto de 5 feuillets de papier bleu, avec une grande signature « Alfred de Vigny » en fin. Ce sont ici les strophes 10 à 19 (ici numérotées I à X) du poème, consacrées aux chemins de fer ; on relève quelques variantes avec le texte définitif. Vigny décrit la puissance de la machine, son bruit, son souffle, ses dangers lors de terribles accidents, sa rapidité, qui enlève toute poésie au voyage ; et il termine en affirmant les droits de la Rêverie…

    « Que Dieu guide à son but la vapeur foudroyante

    Sur le fer des chemins qui traversent les monts […]

    Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle

    L’homme a monté trop tôt. Nul ne connaît encore

    Quels orages en lui porte ce rude aveugle […]

    Évitons ces chemins. – Leur voyage est sans grâces […]

    On n’entendra donc plus piaffer sur une route

    Le pied vif du cheval sur les pavés en feu

    Adieu, voyages lents, bruits lointains qu’on écoute,

    Le rire du passant, les retards de l’essieu, […]

    La distance et le temps sont vaincus. La science

    Trace autour de la terre un chemin triste et droit. […]

    Jamais la Rêverie amoureuse et paisible

    N’y verra sans horreur son pied blanc attaché ;

    Car il faut que ses yeux sur chaque objet visible

    Versent un long regard, comme un fleuve épanché,

    Qu’elle interroge tout avec inquiétude

    Et, des secrets divins se faisant une étude

    Marche, s’arrête et marche avec le col penché »…

    On a relié en tête la L.A.S. d’envoi, le 20 octobre 1853, à Mlle Clémentine VANDENBERGH, à Anvers, qui avait demandé à Vigny un manuscrit pour son album. Vigny rassure gentiment sa correspondante qui se reprochait sa démarche téméraire : « Il n’y a pas au ciel un Séraphin qui ne soit prêt à vous absoudre d’un si doux péché. Croyez bien que les âmes Poëtiques sont aussi rares en ce monde que les Poëtes. Plus je connais la vie et mieux je m’assure aussi que parmi les esprits qui savent sentir les œuvres de l’imagination, lire ou plutôt chanter la Poësie, les plus sympathiques, les plus attentifs, ceux en qui repose le plus pur sentiment du beau idéal en toutes choses, se trouvent chez les jeunes personnes, ces femmes adolescentes qui cherchent à connaître la vie et les arts à la fois, ces êtres délicats que l’on n’aurait pas dû cesser de nommer : les demoiselles, et à qui, je ne sais pourquoi, la bonne compagnie ne donne plus leur joli nom. […] je vous envoie quelques strophes d’un Poëme qui, je crois, vous est inconnu et que vous poserez dans votre album puisque vous voulez qu’il s’y trouve un nom sur lequel se sont attachés vos regards et votre pensée »… Il donne son adresse dans sa campagne : « au Maine-Giraud Blanzac Charente ».

     

  • 7 500

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