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014 René Antoine Ferchault de RÉAUMUR (1683-1757) physicien et naturaliste
L.A.S., Paris 16 mai 1753, au médecin et naturaliste suisse Abraham Gagnebin, à La Ferrière par Neufchatel ; 5 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge aux armes (cachet un peu écrasé, fentes et déchirures au feuillet d’adresse, n’affectant pas la lettre).
Belle et longue lettre scientifique.
Il s’excuse du retard à lui répondre : « vous devez etre accoutumé à mon trop peu d’exactitude ». Il voulait également envoyer le thermomètre demandé par le frère de Gagnebin : « Je ne suis assez sur que de ceux qu’on fait chez moy ; Mr Brisson [Mathurin Jacques Brisson (1723-1806, collaborateur de Réaumur puis de Buffon)] qui les gradue avec beaucoup de précision, est chargé de toutes les préparations de ce qui arrive journellement pour mes cabinets, il en a été surchargé depuis le commencement de l’année, et n’a pu trouver le temps de finir le thermometre que je lui avois demandé, que depuis peu de jours ». Il va donc le lui envoyer, dans une boîte trop grande dont il a comblé le vide par « quelques bagatelles […] comme par des bayes dont on tire la cire à Cayenne, et un morceau de cette cire qui tient beaucoup du suif par quelques uns de ces polypiers qui ont été pris cidevant pour des plantes marines, par un lybhophete, par un de ces scarabées de Cayenne dont les femmes prennent les aisles pour se faire des pendants d’oreille, par un autre scarabe de St Domingue »…
Il remercie de l’offre « d’un rat blanc embaumé », mais il en a déjà de cette couleur, « de grands et de petits »…. Puis il en vient aux oiseaux : « Comme j’ignore les oiseaux que votre pays peut fournir, j’ignore aussi s’il en a de ceux qui manquent actuellement à mes cabinets. Je pense pourtant qu’il s’y doit trouver des espèces de vautour de celles dont le col paroist deplumé, et n’a au moins que des plumes très courtes. Ces espèces me manquent. Peutetre avez vous aussi quelques especes de faisans particulieres differentes du faisan noir. Avez-vous les choucas à bec rouge et à bec jaune. Ces sortes de corneilles qui sont dans mon cabinet sont assez mal conditionnées »… Quant au baromètre, il ignore « de combien l’observatoire de Paris est elevé audessus de mon habitation. Ce peut etre de 13 à 14 toises. Cet observatoire est elevé audessus de la mer de quarente ou quarente et quelques toises. On n’a pas cette elevation avec une grande precision n’aiant été mesurée que par le barometre ». Il envoie cependant les observations sur la hauteur du baromètre « pendant les huit premiers jours du mois de mars », observations « faites a cinq heures du matin »… Il ne sait rien de « la construction et de la force de l’aimant artificiel de Le Maire », ni de l’ouvrage du capucin Meliton « sur les carreaux mipartis de deux couleurs »… « Mes intentions par rapport aux descriptions des arts et métiers sont de publier celles que j’ai faites quand j’en aurai le temps. Mais quand puis-je esperer de le trouver ? Je l’ignore. Le temps m’est enlevé par tant d’occupations et de distractions differentes qu’il ne m’en reste pas pour finir et faire paroitre au jour plusieurs ouvrages très avancés ». Puis il évoque la disparition de Laurent Garcin (1638-1752), qui lui envoyait régulièrement les publications helvétiques : « C’étoit un homme veritablement estimable par ses connoissances, et par ses vues utiles au genre humain ». Il termine en donnant les prix de quelques ouvrages scientifiques, dont ceux du père Plumier…
2 500 €
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