Catalogue Automne 2017

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  • 035. Robert BRASILLACH (1909-1945) écrivain

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  • MANUSCRIT autographe pour Présence de Virgile, [1931] ; 23 pages petit in-4 montées sur onglets sur feuillets de papier vélin fort avec coupures du livre collées en regard du manuscrit, plus la couverture, reliure demi-parchemin ivoire avec pièce de titre au dos (G. Gauché).

    Début du premier livre publié par Brasillach, alors en troisième année de Normale, et consacré à VIRGILE. Présence de Virgile parut en juin 1931 chez Alexis Rédier, aux éditions de la Librairie de la Revue française, revue à laquelle Brasillach collaborait. Le présent manuscrit représente environ un huitième de l’étude : il correspond à la quasi-totalité des trois premiers chapitres de la partie liminaire, Jeunesse de Virgile, soit « Enfances », « Études », « Guerre et paix ». Le manuscrit est une mise au net présentant de rares ratures et corrections ; il présente de nombreuses variantes avec le texte imprimé, et un passage important inédit. Les affinités que le jeune auteur ressent pour son sujet sont manifestes : Virgile naquit « voici vingt ans », et étudia parmi des esprits pratiques où seuls quelques maîtres estimaient « l’intelligence autre chose qu’une forme de l’action, entendue de façon matérielle et lucrative » (précisions non retenues dans le livre). « Le plaisir de voir et d’entendre, de toucher des corps, de rire, de se mêler aux autres et puis de fuir l’intéressait bien plus que ses prétendues études de droit », sera réduit dans le texte publié à : « Comme tous ces plaisirs l’intéressaient bien plus que ses prétendues études de droit ! »… Le passage sur les amours du jeune homme se borne, dans le manuscrit, aux plaisirs puisés chez « les filles et les garçons, comme l’y autorisaient les habitudes de son temps » ; les rêveries du timide n’y figurent pas plus que les discussions des jeunes gens amoureux des lettres. En revanche, Brasillach consacre plusieurs pages à l’engagement militaire de Virgile, presque entièrement écartées du chapitre III définitif (seuls quelques éléments furent retenus et fortement remaniés). Citons-en quelques lignes : « Virgile avait été enrôlé. […] il affronta les tempêtes de l’Adriatique, pour aller combattre sur le front balkanique. L’hiver fut exceptionnellement rude. L’armée de César eut beaucoup à souffrir de l’absence de ravitaillement pendant la durée des opérations autour de Durazzo, en Albanie, et on ne fut parvenir à bloquer l’ennemi dans une ligne de retranchements. C’est dans la plaine de Thessalie que se livra la bataille définitive. Le 9 avril 48, à Pharsale, les 50 000 soldats de Pompée furent battus par les 23 000 soldats de César, et les deux tiers furent pris ou tués. Pompée s’enfuit en Égypte où le roi le fit assassiner. La santé de Virgile ne lui permit pas, après l’hiver qu’il avait passé, de continuer à servir. On l’évacua. Il avait goûté à la vie militaire avec peu d’agréments, fatigué par une campagne très dure, emporté quelquefois seulement à des plaisirs faciles, et puis aussi passionnément séduit sitôt qu’il pensait que le destin de son pays se jouait. Avec la ferveur des jeunes Italiens de son temps, il attendait le sauveur qui devait ramener l’ordre. Pendant quelque temps, il put se remettre à étudier, à s’amuser et à lire. Il avait vingt-deux ans et toute une part de sa vie était terminée. Cette guerre, l’apprentissage de durs travaux, un pays meurtri et sanglant qu’il se prenait à aimer avec passion l’avaient prématurément formé. Comme pour achever sa rupture avec le passé, son père était mort. Maintenant, quand il revenait dans son pays natal, il était seul avec les anciens souvenirs, les saules, les abeilles. Celui qui avait animé tout cela était mort. Et sa mère, ne pouvant s’occuper seule du domaine et du jeune frère de Virgile, songeait à se remarier. Jamais, sûrement, elle ne l’aurait fait sans que son fils l’eût permis. Pour elle, il représentait le père, étant l’Aîné, l’homme. Mais lui comprenait bien que sa mère ne pouvait rester seule, qu’elle était menacée par les troubles du pays, et il la laissait libre »…

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