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024 Georges BERNANOS (1888-1948) écrivain

L.A.S., Château de Thoisy, La Chapelle-Vendômoise (Loir-et-Cher) [septembre 1946], à son fils Yves ; 4 pages in-8 (qqs petits trous). Charmante lettre à son « petit Yves chéri », alors en sanatorium pour soigner sa tuberculose. Il lui raconte l’arrivée de toute la famille dans la nouvelle demeure qu’il a louée, le château de Thoisy, près de Blois : « Le “château du XV siècle” n’était libre qu’au mois d’octobre. Ta maman l’a trouvé solidement occupé par une vieille dame énergique ». Ils ont été « recueillis à Chitenay par un ami inconnu, ancien aviateur de 1914-1918 », sur les instances duquel, « appuyées, je l’espère, de menaces caractérisées – la malheureuse vieille dame énergique a foutu le camp dix jours plus tôt. La maison est vraiment bien “quinzième”, avec des escaliers de pierre à vis et à fantômes, et des portes épaisses de dix centimètres. Il y a aussi de belles douves, dans lesquelles je fais le projet de mettre quelques lapins, pour le pittoresque. Malheureusement, ils seront noyés à la prochaine pluie... [...] Tout est plat. Nous sommes à plat dans un pays plat. [...] J’aime bien un château du XV, mais je voudrais y voir des chevaux, des chiens, et de nombreux serviteurs ou servantes. Il n’y a ici qu’un pauvre barbet, pas de chevaux, et tout le personnel se réduit à une gosse de quatorze ans, grosse comme un rat. Enfin, que veux-tu, la “famille” va camper dans le XV siècle comme elle a campé partout, comme elle campera partout, jusqu’à ce qu’on lui ouvre, dans le Paradis, un coin où s’engueuler tranquilles ». Il évoque leur séparation : « je t’ai vu avec une tristesse affreuse debout sur la route, avec tes yeux pleins de larmes. Je n’avais jamais été aussi triste depuis ce soir sinistre, quand je t’ai dit adieu aussi sur ce sacré quai de gare, après ton entrée à la “joyeuse” Pierre qui vire... Tiens soigneusement le coup quand même ! Je sais que Dieu te bénit comme je t’aime ». Il rassure Yves sur sa gentille femme Elsa et ses enfants, qui auront « ici tout ce qu’il faut »...
500 €
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