L.A.S., Mardi soir [4 avril 1899], à Claude Monet ; 1 page et demie in-8. Sur la préparation de la vente aux enchères au profit des enfants d’Alfred Sisley, mort le 29 janvier (1er mai, galerie Georges Petit). Alexandre remercie Monet de l’avoir associé à cette bonne œuvre : « je suis très fier d’avoir été par vous jugé digne d’y apporter un modeste concours ». Il a vu Georges Petit, et il écrit à Gustave Geffroy pour lui proposer de décrire « en tête du catalogue, comme il sait le faire, avec son charme de style, l’œuvre de Sisley » ; lui-même essaiera de « faire une petite chose bien simple sur les lendemains de luttes, sur le drame même de cette vie, de cette fin du pauvre Sisley et sur l’élan de solidarité artistique et humaine qui prend la forme de cette vente »…
L.A.S., Paris 13 mai 1889, à Victor Dalle ; 1 page in-8, en-tête Imprimerie du Prolétariat. Association ouvrière. J. Allemane… Des délégués de divers quartiers de Paris affirment que la vente du Parti ouvrier est « tuée » par le retard apporté à son apparition. « Fais donc en sorte que la mise en pages se fasse rapidement et que les corrections, les changements n’arrêtent pas la descente des formes. Il y va de la vie du journal »…
L.A.S., au château de Coye, par Luzarches (Oise) 25 juillet 1838, [à Alphonse de Lamartine] ; 3 pages in-8 (fente). Après mille désagréments et un retard dû à l’incorrigible Ladvocat, il lui offre enfin la dernière partie de ses mémoires [Mémoires d’un prisonnier d’État au Spielberg, 4 vol., Ladvocat, 1837-1838). « Des déceptions bien pénibles, bien inattendues ont affligé mon cœur depuis la publication de la première partie ; et la tristesse étoit dans mon âme pendant que j’achevois le récit de la longue captivité de Spielberg. Cette tristesse […], dont la première cause n’étoit hélas qu’un manque de foi dans une œuvre commencée avec tant de conviction et d’espérance, je vous en aurois parlé à Paris, si je n’eusse craint de déconsacrer en partie à vos yeux, celui qui jusqu’alors avoit été pour moi un objet de vénération et d’amour. Peut-être un jour vous entretiendrai-je de cette douloureuse désillusion, dont un des plus affligeants résultats, fut de m’empêcher de dire hautement tout ce que je vous ai dû de consolation et de joies, en lisant, en étudiant dans ma prison vos admirables poésies. […] Plaignez-moi donc, cher monsieur, vous à qui je dois tant, plaignez-moi de n’avoir pu m’acquitter publiquement de cette dette de cœur qui ne s’éteindra qu’avec ma vie »…
photographie signée ; carte postale. Beau portrait par G. Berger, en costume, dans le rôle d’Hélion dans Messaline, l’opéra d’Isidore de Lara.
manuscrit autographe signé, Jour de Noël, [1927] ; 22 pages in-4. Manuscrit complet de cette nouvelle recueillie dans Les Âmes en peine (Gallimard 1927). Le manuscrit, mis au net à l’encre bleue, présente cependant des corrections et additions ; il est titré et signé à l’encre violette, et a servi pour l’impression dans une revue (Europe ?). C’est le récit de la journée d’une pauvre vieille femme, Mme Lefèvre, qui reçoit le jour de Noël la visite de son fils Léon parti travailler à Paris… On trouve dans ce court récit, empreint d’une tristesse bouleversante, l’attente et l’inquiétude d’une mère, la joie des retrouvailles, la pudeur et la gêne des sentiments, la déception lorsqu’il lui annonce qu’il repart dans la journée passer ses vacances chez de riches amis ; enfin, la terrible solitude de la vieillesse oubliée par les enfants… Arland décrit les préparatifs du repas, de la maison, l’amour maternel de cette paysanne qui attends son grand fils ; sa grosse émotion, qu’elle tente de dissimuler, en le revoyant, lui qui à Paris est devenu « un Monsieur », dans lequel elle cherche le petit garçon… On voit cet amour débordant de tendresse, sa douleur de mère abandonnée quand elle comprend que ce séjour tant rêvé, tant attendu, n’est qu’en fait une brève visite de quelques heures ; on devine sa gêne de pauvre et de petite vieille… En retour, l’inquiétude agacée de son fils, mêlée à une tendresse sourde, qu’il ne parvient pas à exprimer… Le soir, dans la solitude, est lourd d’angoisse et cloture cette nouvelle : …« Lentement, les flocons de neige se collaient aux vitres. Le crépuscule vint. Quand elle ne vit plus assez pour travailler, elle se tint immobile, la tête vide. Les ténèbres s’amoncelèrent autour d’elle. Et soudain une angoisse la prit ; elle n’en savait pas les causes, mais elle n’était plus que faiblesse ; elle voulut parler, et n’eut pas la force d’ouvrir la bouche ; elle joignit les mains ; elle avait peur ».
L.A.S., jeudi 11 mai, à Alfred Tattet ; 1 page et demie in-8 à son chiffre. Il tâchera de dîner avec lui avant son départ. « Je te renvoie, en attendant, ta Kintosh […]. Si tu n’as plus besoin de mon Tallemant des Réaux et que tu veuilles profiter de mon commissionnaire pour me le renvoyer, nous aurons apuré tous nos petits comptes, sauf les Mémoires d’Alfieri que je te demande la permission de garder encore »…
poème autographe signé, Ballade À Jacques Truffier, pour sa bien venue, août 1882 ; 2 pages et demie in-8. Cette jolie ballade de 3 huitains et un quatrain d’envoi, datée en fin « Août 1882 », est écrite pour la naissance de Jacques Truffier, fils de l’acteur Jules Truffier (1856-1943), de la Comédie Française, et de la cantatrice Zoé Molé-Truffier (1855-1923) qui s’étaient mariés en mai 1881.
« Petit enfant qui viens tout nu
Du beau pays imaginaire,
Sois le bien et très bien venu.
Éveille-toi, grandis, prospère ! »...
L.A.S., Paris 23 avril 1862, aux administrateurs du Chemin de fer du Nord ; 1 page et demie in-4, en-tête Commandement supérieur des divisions de l’Ouest. Cabinet du Maréchal. « Je suis arrivé hier à la gare de Pontoise plus d’un quart d’heure avant le départ du train de 1 h 23 pour Paris, j’ai pris mon billet & sous l’abri en avant des salles d’attente, j’ai attendu que l’on prévînt les voyageurs du départ de ce train », ce qui ne fut pas fait ; quand il est allé sur le quai, « le signal de départ avait été donné & quoique le convoi ne fût pas en mouvement, le commissaire administratif refusa de me laisser monter »...
12 L.A.S., 1925-1950, à André Berge ; 83 pages in-4 (une carte postale), enveloppe. Belle et riche correspondance amicale et intellectuelle, dont nous ne pouvons donner qu’un rapide aperçu. Il parle de ses projets littéraires et musicologiques, répond à des remarques critiques et aux encouragements de Berge. Lui-même est un lecteur attentif des livres de Berge, dont il apprécie vivement Bernard Bardeau : « j’ai eu soudainement l’impression – si rare ! – de présence totale : l’enfant était là, – physiquement d’abord, avec son regard, ses gestes, sa voix, toute la grâce et toute l’inquiétude de son corps ; – et aussi en toute la netteté et toute la confusion de sa vie profonde, – toute son interrogation silencieuse, tout son élan que chacun, alentour, réprime » (1er juin 1929)... Dans une longue lettre de 25 pages, intitulée 142.857, se livre à des réflexions sur l’aspect métaphysique des chiffres et leurs combinaisons (7 avril 1930). Il parle de leurs rencontres aux décades de Pontigny, du Comité de secours aux intellectuels juifs persécutés en Allemagne « pour lequel Paderewski a donné, à la fin de juin, un concert inoubliablement admirablement, qui a dû rapporter au moins 200.000 francs » (24 août 1933)... Il évoque avec émotion sa perpétuelle surprise devant Rome, et du livre qu’il voudrait en tirer (27 septembre 1934). Etc. On joint 2 L.A.S. de son frère Jean Baruzi à André Berge.
L.A.S., Paris 27 mai 1929, à Frédéric Lefèvre ; 1 page in-8, en-tête Université de Paris, Faculté des Lettres, enveloppe. Belle lettre philosophique sur Les Matinées du Hêtre Rouge de Lefèvre (Flammarion 1929) : « J’ai fait avec vous la plus charmante promenade à travers l’esthétique littéraire […]. J’ai trouvé tout à fait poignant de voir personnifiés les problèmes que nous, nous avons accoutumé d’incarner dans les Kant, les Schopenhauer, les Hegel […], dans des “créateurs” devenus, pour un moment, critiques. Comme Marcel Proust, Montherlant ou Joseph Delteil. Vous avez jeté ainsi des conceptions abstraites et paraissant planer au dessus du temps et de l’espace dans les courants vivants de la réalité concrète et contemporaine »... Les idées de Lefèvre sur les lois esthétiques sont différentes des siennes ; Basch va les développer dans une série de petits volumes à paraître chez Alcan où il a « déposé le fruit de près de cinquante ans de réflexions », et où il va essayer « d’exposer le maître-problème et les problèmes secondaires de l’esthétique ». Il lui adresse son Essai critique sur l’esthétique de Kant « où j’ai greffé sur les vues du Vieux de Königsberg une esthétique qu’il me reste à dégager de son emprise et à fonder en savoir »…
P.S., Paris 19 janvier 1669 ; vélin oblong in-fol. Commission de lieutenant pour le S. Bellisle Dérard sur le vaisseau Le Lys « que Sa Majesté faict armer pour empescher la continuation des pirateries de ceux de Thunis et d’Alger et autres qui voudront interrompre le commerce des sujets de sa Majesté »…
poème autographe signé, « Prends ce bouquet de roses »… ; 3 pages in-8. Charmant poème de six quatrains, avec épigraphe de Shakespeare : « Des fleurs à cette fleur ! »
« Prends ce bouquet de roses
Presse le sur ton sein
Avec de bonnes choses
Pour l’ami doux et sain »…
L.A.S., Ixelles 15 avril 1840, à Eugène Troupenas, éditeur de musique ; 2 pages et demie in-4, adresse. Intéressante lettre à son ami et collaborateur à propos de leur brouille. On lui a remis sa lettre, que ses parents avaient lue à son insu « et je n’ai pu éviter la fâcheuse impression que j’aurais voulu conserver pour moi seul. Comment, en effet, est-il possible de concevoir qu’une pareille niaiserie puisse tout d’un coup rompre les liens d’une amitié comme celle qui semblait régner entre nous ? On sait combien cette amitié est vraie de mon côté »... Il ne tient pas à s’expliquer sur les motifs de sa décision de « faire à ton commerce de musique une infidélité sans importance qui eut été probablement la première et la dernière [...]. Mais la déclaration que tu me fais de n’avoir jamais eu d’amitié pour moi me dispense de toute justification »... Au lieu de la lettre indigne qu’il lui a écrite, il imagine ce qu’aurait dû dire Troupenas s’il s’était comporté en véritable ami. Il lui rappelle que depuis plusieurs années tous les éditeurs lui offrent un prix plus élevé que lui pour des arrangements d’opéras, qu’il refuse par fidélité à son égard ; Troupenas devrait comprendre qu’il veuille travailler sur les œuvres de Meyerbeer qui l’inspirent, ainsi qu’avec d’autres éditeurs, car il n’est pas assez riche pour refuser le travail qui s’offre à lui, et un bon ami ne devrait pas imposer pareil sacrifice. Il le remercie de l’avoir éclairé « quoique d’une façon cruelle » sur ses véritables sentiments, et ajoute qu’il a promis à Masset « le concerto que je t’avais dédié dans le temps où j’ignorais que ton amitié ne résisterait pas à l’épreuve de la plus légère affaite d’intérêt »...
L.A.S., Schoenbrunn 18 octobre 1809, [au général Clarke, duc de Feltre] ; 1 page et demie in-8. Lettre amicale. « L’Empereur a nommé votre gendre Faisansac [Raymond de Montesquiou-Fezensac] chef d’escadron – j’ai été satisfait de la conduite de ce jeune homme. Aussitôt les notifications échangées je le renvoie près de sa femme. J’ai donné aussi un congé au colonel Omeara qui en a besoin pour sa santé. L’Emp. lui a donné une dotation de 4000 et le titre de Bon »... Il compte le voir dans 15 ou 20 jours. « Quand on ne se bat plus j’avoue que je m’ennuye double à l’armée, et surtout loin de l’Emp. »...
2 L.A.S., 1949-1953, à Pierre Lyautey ; 5 pages et demie in-4 à son en-tête, le premier comme Haut Commissaire de la République française en Autriche. Très intéressant ensemble sur la formation de l’Europe. 25 janvier 1949. Il va à Paris « pour juger les généraux Fagalde Dubuisson etc. ce qui n’a rien de joyeux. Ce sera la première fois que je retournerai à un conseil de guerre depuis que j’y étais traduit comme accusé »... Les pourparlers pour le traité vont reprendre : on spécule sur ce que feront les Russes mais il se méfie : « le seul test valable ne peut être que la liberté rendue aux états satellites. D’ici là il n’y a qu’une politique valable empêcher à tout prix la formation de nouveaux satellites (surtout ici qui est la clé de l’Europe) et profiter de cette menace pour faire l’Europe... malgré tous les obstacles dont l’attitude britannique est un des principaux »... La visite de François-Poncet a été extrêmement intéressante... 13 octobre [1953]. Il rentre de La Haye [au Congrès du Mouvement européen] : les débats ont été intéressants, et la tendance générale modérée, « nettement minimaliste. Une autorité supranationale oui mais seulement pour ce que nous ne pouvons plus assurer seuls, c. à d. la communauté charbon oui, la communauté de défense et la préparation en 6 ans d’un marché commun. En ce qui concerne l’intégration des territoires d’Outre Mer, le congrès a été d’une extrême prudence. Aucune résolution n’a été votée [...] Derrière tout ce bruit il y a une vaste campagne d’intérêts économiques qui à travers les autres communautés veulent torpiller celle du charbon et de l’acier mais c’est extrêmement dangereux. Churchill nous menace d’une nouvelle Wehrmacht ce qui est le danger n° 1. Une collusion germano-américaine serait moins dangereuse qu’une collusion germano-russe mais elle nous placerait en satellite et l’empire en ferait vraisemblablement les frais »...
L.A.S., 22 février 1935, à « Vieux » ; 2 pages in-4. « J’ai téléphoné à Alphonse S. – Sur 8 pièces dont il a parlé favorablement au Comité (dont la tienne) une seulement a été retenue et nullement pour des raisons artistiques mais d’autres qui n’ont rien à voir avec le talent et le rehaussement du niveau intellectuel français. […] Présente ta pièce à Paul Abram directeur de l’Odéon et recommande-toi de moi – c’est un ami. La Comédie Française actuellement est un des représentatifs de l’esclavage politique ! – C’est tout ! »...
2 L.A.S., Paris 1874-1875, à Louis Viardot ; 3 pages in-8. 12 avril 1874. « Le Rappel d’aujourd’hui contient deux lignes de moi sur votre livre »... 9 août 1875. Devant partir pour l’Angleterre, il regrette de ne pouvoir venir voir les Viardot à Bougival. Il a parlé de Viardot avec Henri Salles : « Vos chances, selon lui, sont tellement sérieuses, tellement favorables, qu’il ne peut se résoudre à regarder votre refus comme définitif. [...] Il m’a demandé si je voyais quelque inconvénient à ce qu’il allât en causer avec vous. Loin de l’en détourner, je l’ai engagé à le faire, tant je voudrais vous voir au nombre des représentants municipaux de notre cher Paris ! »... On joint une carte de visite a.s. recommandant Maurice Cristal à L. Viardot.
L.A.S., Paris 16 juin 1885, au R.P. Anselme-Marie Bruniaux, Général des Chartreux ; 2 pages in-8 à l’encre violette. Après un appel au secours au Général des Chartreux [à la suite de la mort de Berthe Dumont, Bloy, dans la misère et désespéré, a demandé un secours aux Chartreux, et l’hospitalité à la Grande Chartreuse]. « J’ai été profondément ému de ce que vous avez eu la charité de m’envoyer, mais votre avis d’aller à Montreuil et non à la Grande Chartreuse m’a déconcerté. D’autre part, certaines circonstances assez douloureuses intervenues depuis ont rendu mon absence de Paris presque impossible. Il m’est venu des charges nouvelles qui vont me contraindre à travailler jour et nuit presque sans relâche »… Cependant sa situation envers le Père général est délicate : « Ayez pitié de moi, en considération de cet humble aveu et de mon profond chagrin. Vous m’avez gratifié d’un bienfait de plus, voilà tout. Puisqu’il est clair que Dieu me veut dans le monde, malgré le dégoût et l’horreur qu’il m’inspire, je dois espérer qu’il me donnera la force de continuer cette lutte terrible »… Le destinataire a répondu en tête de la lettre : « Je n’ai rien, mon cher enfant, à condamner dans votre conduite. Usez, sans scrupule des dons de la providence et priez pour votre pauvre père f. A.M. »… [Exposition Léon Bloy (Jean Loize 1952, n° 202).]
L.S. « Paulette B » avec 7 lignes autographes, Rome 19 avril [1804], à son intendant Michelot, « mon cher Poulot » ; 2 pages in‑4 (encre un peu pâle), adresse avec sceau de cire rouge brisé et marques postales. Au sujet de caisses de liqueurs qui n’ont pas été payées, l’acquéreur ne s’étant pas présenté à la succession de son premier mari (le général Leclerc, décédé en 1802). Elle charge Michelot d’éclaircir l’affaire : « j’ai trop d’honneur pour ne pas acquitter une dette de mon mari » ; mais elle ne se laissera pas tromper impunément. Elle dit son fidèle attachement et sa reconnaissance à ses chers Poulot et Poulotte…
photographie signée, 1907 ; carte postale. Beau portrait dans le rôle de Golaud dans Pelléas et Mélisande de Debussy, donné à la Monnaie de Bruxelles en janvier 1907 : le regard sévère, il tire son épée de son fourreau.
2 L.A.S., [à Pauline Viardot] ; 2 pages et demie in-8. 11 mars, regrettant de n’avoir pu lui présenter ses hommages en lui portant son volume, et de ne pouvoir se rendre « aux intéressantes auditions que vous donnez le Jeudi »... Auteuil : « La partition charmante que j’ai entendue hier soir si brillamment interprétée, est-elle gravée ? Si oui, vous seriez on ne peut plus aimable d’en mettre un exemplaire à ma disposition pour quelques jours. Il y a plusieurs morceaux qui m’ont fout à fait charmé et que je serais bien aise de pouvoir lire »...
L.A.S., Paris 1er mars 1824, au garde des Sceaux [Peyronnet] ; 1 page in-4, adresse, cachet de cire rouge. Il demande « une audience particulière »...
L.A.S., [Oran] 11 septembre 1832 ; 2 pages in-4. Au sujet de déserteurs espagnols qui ont rejoint les Arabes. Il veut savoir les moyens de persuasion dont ont usé les Arabes, et s’interroge sur d’éventuels liens entre les Espagnols et des espions arabes : « j’ai l’avis que ces déserteurs […] connaissent les espions que les arabes entretiennent en ville »… Il faut les questionner et profiter de cette instruction judiciaire pour enquêter et se renseigner sur ce sujet…
2 L.A.S. et 3 L.S., 1917-1934, à Lucien Descaves ; 15 pages in-4 ou in-8. Intéressante correspondance. Nîmes 1er juillet 1917. Se réjouissant de la prochaine venue de Descaves à Nîmes, il lui donne des renseignements, notamment sur les hôtels de la ville... Paris 11 mai 1921. Rendez-vous, en espérant que « le babouin aura emporté son barda de peintre dans sa giberne. Son pinceau, c’est son bâton de maréchal »... 30 octobre 1922. Violente opposition à un certain Jacques, qui avait sévi par ses cancans auprès du naïf Pergaud : « Moi ! prendre au sérieux la candidature de cette perruque décolorée ; le mettre sur le même plan que tant de jeunes auteurs qui firent, cette année, des débuts éclatants ! […] Si les bavasseries de ce mollusque peuvent mettre en péril une amitié de plus de dix ans, [...] cette amitié est bien malade ! »... 6 juin 1931, au sujet d’une pauvre immigrée russe, qui l’accable de requêtes pour son mari, « polygraphe mystique »... Paris, lundi [1933]. Il lui demande un petit mot pour le numéro de Noël de La Cigale Uzègeoise : « Dites par exemple, que vous avez fait amitié avec Uzès, par amour, pour Racine, ou par haine, pour Barthou, ad libitum »... Jeudi [1933]. Il le remercie au nom d’Uzès pour sa réponse prompte et lyrique, et l’interroge avec humour à propos de sa présence à l’Académie Goncourt : « La question de votre rentrée au Grenier, continue à émouvoir l’opinion littéraire. […] Toute la terre est suspendue à votre gésier » [allusion à l’éloignement de Descaves de l’Académie Goncourt après l’échec du Voyage au bout de la nuit]... 14 décembre 1934. Remerciement pour son chaleureux article sur Le Chevalier d'Éon ou le Dragon en dentelles : « La Chevalière d’Éon vous remercie pour toutes les fleurs que vous avez prodiguées à son historien romantique », et il espère qu’il donnera envie « aux lecteurs de feuilleter les jupes de cette dragonne »... Il lui demande de le parrainer au Syndicat National des Journalistes : « cela vous ferait, mon cher Maître, un enfant de plus sur les bras, un marmot de plus de cinquante ans », et il pourra réclamer les paiements en retard de la revue Fantasio...
manuscrit autographe signé, Ulysse et Pénélope, retour comique en un acte et en vers libres, Courtenay-Vincennes-Paris 1871-1872 ; cahier in-fol. de 25 pages, couv. cartonnée de papier brun. Manuscrit de jeunesse d’une saynète comique en vers, soigneusement mis au net et calligraphié, avec des corrections postérieures, notamment des variantes de vers interlinéaires, et décompte marginal des vers (372). Cette saynète, en 6 scènes, se déroulant dans « l’intérieur d’une chambre grecque », met en scène quatre personnages : Ulysse, Pénélope, Astico (« il doit avoir une perruque d’un rouge ardent »), et Euryclée. Les protagonistes ressemblent moins aux héros de la mythologie, qu’à des époux petit-bourgeois servis par des confidents frustes, les écarts du niveau de langue et les références au monde moderne assurant le comique de la pièce. « Pénélope (assise). Dieux ! Que les jours sont longs au fond de ce palais !/ Mon pauvre Ulysse ! Hélas ! Reviendra t’il jamais/ Pourtant, j’ai ce matin consulté les augures:/ J’ai fait porter au temple un pot de confitures »...
L.A.S. « G.C. », [vers 1798-1799, au comte Trophime-Gérard de Lally-Tolendal] ; 3 pages et demie in-4. Elle lui adresse une lettre de sa chère Eliza, une autre de l’élève Virginie Churchill ; son mari propose de faire le portrait d’Eliza, et a fait « un croquis qui a les avantages suivans, l’attitude qui est parfaite ainsi que l’expression des yeux. Le visage est un peu trop long, et en tout Eliza est infiniment plus belle »… Les études d’Eliza (la fille de Lally) vont bien, et Mme Campan cherche à corriger ses petits défauts : « j’ai soin de l’en punir exactement mais avec une douce sévérité, elle m’aime et me craint beaucoup. Si elle étoit gâtée et négligée, elle seroit disposée à une coquetterie extrême, à beaucoup de vanité, et quelquefois à faire de très vilains mensonges, ce dernier cas bien plus grave que les autres, vient de la priver pour cette année de faire sa premiere communion, j’ai saisi ce moyen de la punir essentiellement parce que je la trouvois trop jeune pour cet acte important, et que je n’étois pas sur ce point de l’avis de la Douce Religieuse que j’ai particulièrement chargée des soins religieux dans ma maison, la pénitence me convenoit donc et a produit un très grand effet sur Eliza. […] on a versé tant de larmes touchantes, que j’ai donné ma parole de ne vous en point faire part ; et vous jugez que pour faire respecter les engagemens sacrés, il faut qu’une institution soit bien fidele aux siens »…