Catalogue Automne 2017

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  • 060. CHARLES IX (1550-1574) Roi de France

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  • L.S. (2 fois), château de Boulogne 22 février 1571 [1572], à Raymond de FOURQUEVAULX, chevalier de son ordre et son conseiller et ambassadeur en Espagne ; contresignée par le secrétaire d’État Nicolas IV de NEUFVILLE de VILLEROY (1542-1617), qui a écrit la plus grande partie de la lettre ; 6 pages grand in-fol. très remplies, adresse.

    Très importante et longue lettre à son ambassadeur en Espagne pour se défendre de couvrir des actes de piraterie contre les navires espagnols, et de projeter un quelconque acte de guerre contre son allié. Il commence par l’assurer de l’amélioration de la santé de sa femme [Élisabeth d’Autriche, qu’il avait épousée le 26 novembre 1570 et qui sera sacrée le 25 mars 1571] : elle fera son entrée dans sa bonne ville de Paris après le Carême, et il faut témoigner de son contentement partout, et spécialement au Roi Catholique, à la Reine et aux princes de Bohême. Son ambassadeur a « tres sagement respondu au secretaire Sayes sur le conseil quil vous donnoit pour le passage de mes freres les Princes de Boheme, silz desirent passer par mon Royaulme ilz y seront les tresbien venuz et receuz comme le requiert lamityé qui est entre nous, et me sera tresgrand plaisir et contentement de les veoir, ce dont vous les pourrez tousjours asseures […] s’ilz passent par mer j’ay donné ordre qu’ilz seront receuz, honorez & secouruz a mes ports de toutes choses aultant que fere se pourra. Vous me tiendrez adverty du temps quilz s’embarqueront »… Il dit qu’il a envoyé au devant du comte d’Olivares, envoyé du Roi d’Espagne, pour le faire accompagner et conduire, et exprime sa satisfaction générale quant aux affaires intérieures et aux relations avec l’Espagne et le Roi Catholique, et il signe une première fois. Puis Villeroy prend la plume pour faire part d’un incident diplomatique. Don Frances [d’ALAVA, ambassadeur d’Espagne] est venu trouver le Roi pour se plaindre à nouveau « des deppredations et pirateries faictes sur les subgectz du Roy Catho. » par les Français ; « que lon luy faisoit ordinairement les plus belles responces quil estoyt possible, mais que dexecution & deffect, il nen voyoit aucun, que tous les jours telles deppredations se continuoient au grand dommage & interest des subgectz dud. roy Catho., & au prejudice de lamitye qui est entre son mestre & moy & du traité de paix. Que les preuves de icelles pirateries estoyent tresmalaisees a fere pour ce que lon getoit a fondz toutes les personnes que lon retrouvoit dedans lesd. vaisseaux, mais que lon veoioit journellement arriver en mes portz & havres navires chargez des deppouilles & prises faictes sur des subgectz dud. Roy ». Il a prié instamment le Roi d’y pourvoir, « affin que telles cruaultez & horribles meschancetez ne se fissent plus », car le Roi Catholique en serait « griefvement indigné & pour la conservation de nostre amityé mutuelle observation du traité de paix & pour le bien & liberté commun de noz subgects affin quil pussent doresnavant sans crainte ne inconvenient pour le regard traffiquer par ensemble »… Don Frances a ajouté qu’il ne savait plus quoi répondre au conseil du Roi son maître, qui se plaint tous les jours des doléances reçues, et que lui-même est blâmé et accusé… De plus, il était averti « que lon armoyt nombre de vaisseaux a La Rochelle & en Brouage par le comandement de mon admiral », en présence du maréchal de BIRON : « lon les armoit pour estre emploiez a quelque grant effect de guerre […] pour fere entreprise sur les Pays bas ou aux Indes », et que d’autres vaisseaux étaient armés dans d’autres ports et havres… Il ne peut croire que Charles IX veuille « rompre la paix »… Cependant, comme ces préparatifs se font par le commandement des principaux ministres et officiers du Roi français, il doit en écrire à son maître et au duc d’Albe, et demande des explications… Charles IX a répondu en l’assurant de son regret de ces actes de piraterie, « mais que la malice du temps a loccasion des troubles & divisions qui estoyent en mon royaume luy avoyt assez faict cognoistre a quoy il avoyt tenu, que ceulx qui les commettoient ayant portz & havres a leur commandement, avoient durant lesdits troubles faict contre ma volunté tout ce quilz avoyent voulu, dont javoys esté tres marry ». Ne voulant pas revenir sur le passé, il prie de l’avertir de tels actes, et il en fera faire « raison et justice ». Il a rappelé toutes les mesures prises « depuis la paix en ce royaume » pour donner satisfaction aux réclamations des Espagnols, mais que l’on manquait de preuves pour faire justice, « que je desiroys de tout mon cueur la conservation de lamityé que jay avecques son mestre et lobservation de nostre traité & que je cognoissois assez le dommage que mes subgectz recepvroient si pour telles prises faictes par ceulx qui les commettoient contre ma volunté le trafficq des marchandises cessoit & estoyt empesché, qui estoit le vray Perou de mon royaume ». Il veut donc remédier à ces pirateries, faire renouveler les ordonnances concernant l’amirauté, et veiller à ce qu’elles soient observées… Quant à l’armement de navires à La Rochelle, Brouage et autres havres de son royaume, il a répondu qu’il ne voulait y croire : « il nest permis a aucun de mes ministres officiers et subgectz armer en guerre durant la paix de ceste façon sans mon congé ou commandement […] ; que je ne pouvois & aussi ne vouloys empescher mes subgectz daller sur mer comme les autres pour y avoir autant de droit & pouvoir »… Il a dépêché un courrier vers le maréchal de Cossé « qui est en ces quartiers de La Rochelle & Brouage pour estre adverty de ce que dessus & commandoys a mon admiral visadmiral mes officiers de ladmiraulté & tous autres de ne laisser sortir aucun vaisseau armé de ceste sorte »… Dès qu’il en aura une réponse, il en avertira Don Frances… Il fait « tout ce discours » à Fourquevaulx pour qu’il tienne les mêmes propos avec le Roi Catholique, « et lassurerez que jay lintention conforme aux parolles, ne desirant rien tant en ce monde que de conserver nostre paix & amityé »… Charles IX termine sa lettre en évoquant une dépense excessive « durant les troubles » : « des veoiages dont il ne seroit aucun besoing si les postes faisoyent leur debvoir. A quoy jay maintenant faict pourveoir et partant je vous prie doresnavant ne menvoier plus gens exprez que ce ne soit pour une tresgrande & pressée occasion »…

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