Catalogue Automne 2017

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  • 005. Jacques AUDIBERTI (1899-1965) écrivain

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  • L.A.S., [fin octobre 1941, à André ROUSSEAUX] ; 2 pages in-4. Belle lettre au critique du Figaro, après sa chronique consacrée aux Fleurs de Tarbes de Jean PAULHAN, et à Tonnes de semence d’Audiberti (25 octobre 1941). L’article est remarquable par les « puissantes perspectives » consacrées à sa poésie. « Dans cette grande errance où nous sommes, il est tout de même encourageant qu’entre certains se noue un rapport attentif sur le plan de la vie profonde et humainement utile. En effet, en effet, en redonnant ce fameux “sens plus pur” aux mots de la tribu, le poète les renouvelle et, dans l’usage commun, il les dépayse. Le poète est celui qui trouve, dans le tremblement et la solennité, ce que tout le monde avait trouvé – croyait avoir trouvé. Dans la mesure où cette espèce d’ébahissement devant le langage peut se transposer à l’étape civique, social, ne pouvons-nous en retenir qu’il convient aux hommes de redécouvrir leur nature et leur mystère ? de plonger avec le plus dramatique intérêt dans les eaux de l’imagination par excellence, celle d’exister ? Le temps n’est pas seulement linéaire. L’histoire, ou ce qu’on appelle ainsi, c’est la norme humaine, en masse, en bloc (les amours, les guerres). La fonction des poètes ne vaut pas seulement pour le moment historique où ils opèrent dans un dialecte donné, sous un monarque défini. Elle s’exerce pour tous les temps humains. Oui, nous retentissons sur les âges grecs. Nous sommes, positivement, ce sel rétroactif, ce citron ubiquitaire. Nous sommes pris dans une communion vaste, pâte des morts et des vivants ensemble, et notre lampe brille dans la nuit de tous les siècles qui ne font qu’un instant, qui ne font qu’un éclair, celui d’un cri de peur, d’un mot d’amour »…

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